Catégorie : actualités

  • Japon: des boues très riches en terres-rares recouvrent certains fonds du Pacifique

    Japon: des boues très riches en terres-rares recouvrent certains fonds du Pacifique

     Certains fonds marins du Pacifique dont ceux autour de la Polynésie française, sont recouverts de boues très riches en terres-rares dévoile une équipe japonaise de prospection de l'Université de Tokyo. A partir de l'analyse de prélèvements de boue réalisés par carottage en divers points du Pacifique entre 3500 et 6000 mètres de profondeur cette équipe a découvert un nouveau type de minerai très riche en terres-rares et autres métaux (Va, Co, Ni, Mo, U, Th). L'épaisseur de la couche de boue dans les zones les plus riches varie selon les sondages entre 8 mètres et plus de 20 mètres et les teneurs en terres-rares varient de 500 ppm à plus de 1000 ppm (CARTE, ronds oranges).

    Pacifique-terres-rares

     Les quantités de terres-rares dans ces boues représenteraient une ressource mille fois plus grande que celle estimée à ce jour dans les terres. Les compositions de ces boues sont très voisines de celles des minerais exploités dans le sud de la Chine formés par l'adsorption d'ions métalliques par des argiles produits de l'érosion de granits.

     La rareté des terres-rares n'est donc pas, une fois de plus, vérifiée…mais nos perspicaces et précautionneux parlementaires pourront en interdire l'exploitation dans les eaux françaises… pour ne pas réveiller la maman du poisson. Allez savoir!

    LIRE le papier résumant cette formidable découverte.

     

  • Le solde du commerce extérieur s’enfonce précautionneusement dans les abysses

    Le solde du commerce extérieur s’enfonce précautionneusement dans les abysses

     Vingt six milliards d'euros, soit dix milliards de plus pour l'ardoise du commerce extérieur de la France pour les quatre premiers mois 2011 par rapport à celle de la même période de l'année précédente (TAB.). Et pendant ce temps là nos élus ratiocinent sur l'imposition des œuvres d'art ou sur la dangerosité des gaz de schistes. Un Muppets-Show national… en vrai. La facture énergétique avec un solde négatif de 21 milliards d'euros creuse le gros du trou, les importations d'automobiles toujours plus belles, de minerai de fer et de métaux non-ferreux toujours plus chers participent au massacre.

    Solde commerce exterieur-2011-04 

     Réaliser un pronostic pour le solde 2011? Il va dépendre des cours de l'énergie mais il devrait se situer autour des 80 milliards d'euros, 4% du PIB! Avec un tel boulet, comment voulez-vous que l'économie de notre pays progresse?

     Une faible consolation: les exportations d'électricité sont revenues. C'est à créditer aux récentes centrales au gaz mises en route et à la nouvelle Direction d'EDF qui a bien compris que la rentabilité du marché domestique est un enjeu essentiel pour cette entreprise.

     Une info pour les rangs précautionneux de l'Assemblée Nationale: les importations nettes de gaz naturel pourraient friser les 15 milliards d'euros cette année. Faites passer dans les travées!

    Accéder au site des Douanes pour plus de détails.

    Le 8 Juin 2011

     

  • Le suédois Vattenfall se dit prêt à investir un milliard d’euros dans l’hydraulique en France

    Le suédois Vattenfall se dit prêt à investir un milliard d’euros dans l’hydraulique en France

    Vattenfall-hydropower  L'attribution de nouvelles concessions pour l'exploitation des barrages hydroélectriques en France devrait concerner d'ici à 2015 une puissance globale de 5,3 GW sur un total de 25 GW. L'électricien nordique Vattenfall qui a généré plus de 172 TWh d'énergie électrique en 2010, possède de fortes positions en Suède, en Allemagne et au Pays-Bas. Il opère marginalement en France avec des ventes d'énergie électrique de 7 TWh en 2010. Cet électricien, fort de son expérience dans l'hydroélectricité nordique (FIG.), espère décrocher une tranche d'un GW de concession afin de renforcer sa présence en France et d'accroitre la part des énergies renouvelables dans son portefeuille. Pour séduire les décideurs français, l'électricien se dit prêt à investir un milliard d'euros dans l'hydroélectricité de notre pays. Voila un excellent argument! Mais les concurrents seront sûrement nombreux.

    LIRE le communiqué de Vattenfall sur ce sujet.

    Le 5 Juin 2011

  • La fermeture des centrales nucléaires allemandes est un vrai problème européen

    La fermeture des centrales nucléaires allemandes est un vrai problème européen

    La politique énergétique de l’Europe n’existe pas mais cela n’empêche pas que les réseaux électriques nationaux soient de mieux en mieux interconnectés afin que chacun puisse répondre plus aisément aux fluctuations de la demande et aux aléas de l’offre. Il est évident que la disparition de 7 GW de puissance électronucléaire en Allemagne devra être forcément digérée l’hiver prochain par l’ensemble des réseaux nationaux. Ceci se fera soit en produisant plus de puissance alternative (lignite, charbon, gaz) en Allemagne, soit en produisant plus dans chacun des États limitrophes, soit en orchestrant des délestages d’énergie par-ci ou par-là. Le plus probable est que cet évènement politique entraînera une modification importante des échanges d’énergie électrique entre l’Allemagne et ses voisins.

    Allemagne-Electricité-2010

    En 2010 les exportations allemandes d’électricité ont représenté en moyenne 10% des productions locales (TAB.). En Février 2011 elles ont même atteint 12% du total et près de la moitié des productions d’énergie électrique d’origine nucléaire.

    L’arrêt de 40% des productions électronucléaires (5 TWh/mois) peut donc être théoriquement satisfait par la réduction d’autant des exportations allemandes.

    Bien entendu la réalité sera plus complexe durant l’hiver prochain, chacun essayera de produire plus ou de consommer moins, mais il est une évidence: les pays européens limitrophes de l’Allemagne connaîtront des limitations dans leurs importations d’énergie électrique. Dans le cas de la France une telle situation va obliger le producteur national majoritaire à exiger plus de vigilance et de discipline de la part de ses équipes parfois « inattentives ». Sinon, il faudra compter les délestages.

    Le 30 Mai 2011

  • CSPE 2020: la facture électrique des énergies renouvelables ne sera pas « doucette »

    CSPE 2020: la facture électrique des énergies renouvelables ne sera pas « doucette »

     Philippe de Ladoucette, le président de la CRE (Commission de Régulation de l'Energie), a été auditionné le 24 Mai dernier devant les Commissions réunies des affaires économiques et du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale, pour faire le point sur l'évolution prévisible d'ici à 2020 de la facture électrique des énergies renouvelables.

    CRE-CSP 2020

    Les hypothèses retenues lors de cet exposé ont été les suivantes:

    – La loi Grenelle I prévoit que la part d’ENR dans la consommation finale d’énergie doit atteindre 23% en 2020. Dans le plan d'action national en faveur des énergies renouvelables transmis à la Commission européenne en 2010, le gouvernement indique que l’atteinte de cet objectif se traduit par une part d’ENR dans le secteur de l’électricité de 27 %. Elle était de 15,5% en 2010.

    – Ceci conduit à une évolution de la puissance éolienne installée de 5 800 MW en 2010 à 19 000 MW en 2020

    – Celle du photovoltaïque, en retenant une croissance règlementairement limitée à 500 MW par an pourrait  passer de 900 MW à 7 000 MW en 2020.

    – Le prix moyen du MWh issu des ENR a atteint 82 euros en 2010, dont un hallucinant 537 euros/MWh pour le photovoltaïque, pour un prix de gros de l'électricité de 47,5 euros/MWh. La différence de prix, pondérée des productions des ENR, se retrouve dans la facture du consommateur sous la rubrique CSPE (voir au dos de votre facture EDF).

    En 2011 la production des ENR "soutenues" devrait atteindre 26 TWh soit 4,5% de l'énergie électrique totale, ce qui représentera une charge de 1,6 milliards d'euros pour le consommateur.

    En 2020, sur la base d'une hypothèse de croissance du prix de gros de l'électricité de 4% par an (inflation + 2%) cette charge supplémentaire devrait atteindre 6,7 milliards d'euros (FIG.). Avec trois postes essentiels de 2,5 mrds pour l'éolien offshore, de 2,3 mrds pour le photovoltaïque et de 1,1 mrd pour la biomasse. Ce montant total est à comparer aux 1360 milliards théoriques de consommation des ménages en 2020, déduits des données du PIB 2010 avec une inflation de 2% par an.

     Ce calcul prévisionnel de la CRE montre tout simplement que notre pays ne pourra pas s'offrir la participation des énergies renouvelables dont les tarifs resteront trop éloignés du prix de gros de l'électricité, sous peine d'assister à des phénomènes de remise en cause des volumes au gré des puissantes contraintes économiques auxquelles il va devoir faire face. Le photovoltaïque et l'éolien offshore sont des options qui ne sont pas économiquement soutenables en larges quantités aux tarifs actuels pratiqués ou imaginés. Il manque dans les divers plans élaborés, un impérieux volet de plan pluriannuel de réduction des coûts et donc des tarifs pour chacune des technologies.

    ACCÉDER aux chiffres présentés par de Ladoucette et à son exposé.

    Le 30 Mai 2011

  • Le prix de l’essence à la pompe est un signal fort qui fait réagir le consommateur

    Le prix de l’essence à la pompe est un signal fort qui fait réagir le consommateur

    Tout le monde a bien conscience que les prix de l’essence à la pompe est un paramètre du premier ordre qui agit à court-terme sur le comportement du consommateur qui va limiter ses trajets en voiture, à moyen-terme sur ses décisions au travers de l’achat d’un véhicule moins lourd, diesel ou hybride par exemple et qui incite les constructeurs de véhicules à adopter des démarches marketing privilégiant l’efficacité énergétique de leurs modèles par rapport à d’autres caractéristiques plus sportives. Les normes et autres contraintes administratives viennent appuyer et renforcer ce mouvement généralisé vers les économies de carburant dans le transport routier. C’est un phénomène mondial qui tend à réduire les consommations de carburants dues à l’élargissement du parc et à l’accroissement du trafic particulièrement vifs en Asie par exemple.

    Il a été montré ici récemment que la consommation d’essence aux États-Unis avait atteint un maximum il y a de cela quatre ou cinq ans et qu’elle était passée en phase de décroissance. L’impact des prix des carburants, des normes et des nouveaux véhicules plus économes en carburants ont pris le dessus dans ce pays sur un éventuel accroissement du parc automobile, associé à l’accroissement de population.

    Remarque: il n’est pas certain que depuis 2008, en raison de la crise, le parc automobile américain se soit accru. Ce que l’on sait (FHA), c’est que le trafic à 3000 milliards de miles sur les douze derniers mois est inférieur d’un point de pour-cent à celui enregistré à fin 2007. La baisse du trafic américain avait débuté dés la fin de 2007, donc bien avant la crise, sous l’impact des prix des carburants.

    Les tendances depuis le début de l’année sur les prix des carburants aux USA (FIG.I) ne sont pas de nature à faire repartir ces consommations.

    Prix-essence-USA

    En effet il est possible de noter que les cours de l’essence sur le NYMEX (courbe rouge) se sont ajustés sur les prix marginaux de l’essence en Europe qui dépendent des cours du BRENT (courbe noire). Il en est résulté un fort accroissement des marges de raffinage (distance entre la courbe rouge et la courbe bleue) qui s’est immédiatement répercuté sur les prix à la pompe. Il fallait 40$/baril en début d’année pour passer du prix du baril de pétrole WTI (90$) à celui la pompe (130$), il faut maintenant 50$ pour atteindre les 160 dollars de l’essence vendue au détail en moyenne la semaine dernière. Au rythme où vont les choses les 4$ en moyenne le gallon d’essence aux États-Unis, soit 168$ le baril, sont à portée de vue.

    En Europe il est intéressant de suivre le cas de la France qui a depuis de longues années, avec l’instauration de la TIPP en 1928 sous Raymond Poincaré, maintenu une politique de carburants chers. En 2008 cette taxe a rapporté au budget de l’État 28 milliards d’euros ce qui rend anecdotique et ridicule la défunte taxe carbone qui avait tant agité le cocotier environnemental. Sous l’impact des prix, des mesures d’incitations gouvernementales de type Bonus-Malus et autres Primes à la Casse, les consommations en volume de carburants par les ménages français reculent depuis une décennie (FIG.II).

    Conso-carburant-France-2006

    Ce résultat issu d’une excellente étude statistique menée sur les données entre 1985 et 2006 par Lucie Calvet et François Marical, montre l’élasticité de la demande en carburant à la montée des prix. D’après ces auteurs une augmentation des prix des carburants de 10% se traduit par une baisse des consommations en carburants des ménages de 2,5% à 3,5% à court-terme et par une baisse de 6 à 7% à long-terme. Ce résultat est globalement vrai quelques soient les ressources des ménages. La part des carburants dans le budget des ménages tend à se réduire au cours du temps, mais elle dépend fortement du lieu d’habitation. Les habitants ruraux ou péri-urbains étant plus impactés que les habitants de centre-villes ou de Paris.

    Un autre paramètre important: la possession d’une voiture et donc les consommations de carburants dépendent beaucoup de l’âge du chef de famille interrogé au sein d’une génération donnée (FIG.III).

    Voitures par age France
    La baisse probable du nombre de véhicules par foyer des générations du baby-boom partant à la retraite va participer à ce phénomène d’adaptation des ménages aux contraintes économiques des décennies à venir. Le prix des carburants étant un des paramètres du premier ordre.

    Les rusés politiciens qui nous dirigent, devraient donc reprendre fermement en main la fiscalité des carburants qui a eu tendance à se relâcher ces dernières années sous fond de bla-blas écolos, afin de maintenir sous pression et faire reculer les consommations en carburants de nos contemporains. Ils doivent passer par zéro les incantations de l’AIE qui annonce à tue-tête le recul des économies mondiales dès que le pétrole s’apprécie de quelques dollars. Il y a belle-lurette que plus personne n’écoute les prédictions essouflées de cette pythie parisienne.

    LIRE le rapport de Lucie Calvet et François Marical.

    LIRE le rapport sur la place de la TIPP dans la taxation écolo de notre pays

    Le 18 Avril 2011

     

  • Alcoa: croissance à deux chiffres de la demande d’Aluminium dans le monde

    Alcoa: croissance à deux chiffres de la demande d’Aluminium dans le monde

     Dans son rapport du premier trimestre 2011, Alcoa prévoit que la consommation mondiale d'Aluminium de première fusion devrait atteindre les 44,5 millions de tonnes en 2011. Ceci représente une croissance de 11% de la demande par rapport à 2010, elle suit une croissance de 13% enregistrée l'année précédente. Ce score pour 2011 provient d'une croissance de 15% en Asie (26,4 MT), de 6% en Amérique du Nord (5,6 MT) et de 4% en Europe (6,9 MT). Ce sont les secteurs des transports (aéronautique et terrestre) qui sont les plus en pointes. La construction de turbines à gaz participe également à cette embellie.

    Remarque: l'Aluminium de première fusion représente 70% environ du métal utilisé, l'autre ressource étant le métal recyclé.

    Il est intéressant de procéder à un changement d'unité et de traduire les productions annuelles d'Aluminium de première fusion en consommations d'électricité sur la base d'une moyenne de consommation de 15,7 kWh/kg de métal (FIG.I).

    Aluminium-électricité

     La consommation globale d'électricité pour transformer en 2011 l'alumine en Aluminium peut être estimée aux environs de 700 TWh soit 1,6 fois l'énergie électrique produite en France en 2010. Cette croissance de 77 TWh de consommation d'énergie électrique entre 2010 et 2011 correspond à un appel de puissance moyen supplémentaire de 9000 MW.

     Remarque: pour faire un bilan électrique total de la bauxite à l'Aluminium il faudrait rajouter les 2,5 kWh d'électricité par kg d'alu nécessaires à la production de soude destinée à l'obtention de l'alumine. Ceci reviendrait à majorer de 15% les consommations d'électricité représentées ici.

    LIRE la présentation d'Alcoa.

    Le 12 Avril 2011

  • La consommation d’électricité marqueur objectif du dynamisme économique des Nations

    La consommation d’électricité marqueur objectif du dynamisme économique des Nations

     Au moment où une partie du Japon, troisième économie mondiale et leader incontestable dans de nombreuses techniques de pointes, se retrouve en pénurie de puissance électrique – les autorités japonaises anticipent un manque de puissance électrique qui pourra atteindre les 15000 MW cet été dans la région de Tokyo – il semble utile de rappeler l'importance de la ressource électrique dans le développement économique des Nations. L'importance de l'énergie électrique dans les processus industriels, dans le fonctionnement de tous les équipements informatiques et de communication, dans la gestion des températures et de l'hygrométrie de notre environnement domestique, dans la salubrité de notre alimentation, dans le transport de masse, etc. n'est plus a démontrer. La consommation de cette ressource énergétique particulièrement bien adaptée au milieu urbain en fort développement, ne pourra aller qu'en croissant avec la montée du niveau de vie moyen des populations et l'arrivée de nouvelles applications comme les véhicules électriques.

     Pour convaincre le lecteur incrédule il suffit, à mon avis, de consulter les consommations électriques données par l'EIA d'un vieux pays, aux activités industrielles chancelantes et à la population croissante d'un pour-cent par an : les États-Unis (FIG.I).

    Etats-Unis-conso-TWh-PIB

     Après la stabilisation du PIB de ce pays en 2008 et le recul observé en 2009 suivi d'une reprise en 2010, il est possible d'observer que les consommations d'électricité ont parfaitement répliqué ce va-et-vient économique de ces trois dernières années tout en s'inscrivant dans la tendance décennale des consommations d'énergie électrique qui varie de façon sensiblement linéaire avec une pente de 0,165 TWh par milliard de dollars "2005" de PIB. La même courbe portant sur les productions nettes montre une pente de 0,176 TWh par milliard de dollars "2005" de PIB. Ceci correspond à 0,15 TWh par milliard de dollars de PIB 2010 pour la consommation et à 0,16 TWh pour la production nette.

     Il n'est donc pas nécessaire d'être grand-clerc pour prévoir que malgré les convictions de certains mouvements écologiques d'Outre-Atlantique, les consommations américaines d'électricité vont probablement poursuivre leur croissance avec l'augmentation du PIB et des populations qui affectionnent tout particulièrement les États de la Sun-Belt. Entre 1993 et 2009 le nombre de foyers américains s'est accru de 17 millions d'unités (de 96,6 à 113,6 millions) et le nombre de foyers se chauffant majoritairement à l'électricité s'est accru pendant cette durée de 13,2 millions d'unités en passant de 25 à 38,2 millions . Quand aux équipements électroniques, ils abondent FIG.II (Source EIA, home energy use).

    USA-équipements-electronique

    Dans le cas de la France, la part de la consommation d'électricité dans le mix énergétique est particulièrement importante, en raison d'une politique tarifaire favorable. Cette consommation présente d'une année sur l'autre une forte variabilité dépendant des conditions climatiques, le chauffage des foyers constituant une part importante de la consommation d'électricité. Pour juger des tendances à moyen-terme des consommations en fonction du PIB il est donc préférable d'utiliser les données de consommation électrique annuelles corrigées des variations climatiques fournies par RTE (FIG.III).

    France-conso-TWh-PIB

     Après une année 2006 en stagnation, due à une chute brutale des consommations des grandes industries, les consommations d'électricité corrigées du climat en France sont reparties à la hausse en 2007 et 2008 pour se replier avec la crise en 2009 et reprendre ensuite en 2010. Dans la relation consommation-PIB, la pente de la droite de corrélation de 0,156 TWh par milliard d'euros "2000" de PIB correspond à une croissance de 0,13 TWh par milliard d'euros 2010 de PIB.

     Dans l'hypothèse d'une poursuite de la croissance économique de notre pays, liée en particulier à la croissance démographique, il faut donc anticiper une augmentation des consommations d'électricité dans les années à venir. Ceci est d'autant plus vrai pour la France que la croissance observée dépend de plus en plus des consommations des petits ou moyens clients, la part des grands comptes industriels qui représentaient 23% de la consommation hors pertes en 2001, n'en représentaient plus que 17% en 2010.

     Ces résultats portant sur des économies présentant des PIB à intensité énergétique décroissante montrent que malgré un ratio de plus en plus faible des consommations globales d'énergies ramenées au PIB, l'énergie électrique occupe une position privilégiée par rapport à ses concurrentes telles que le pétrole dont les prix deviennent de plus en plus dissuasifs. Il s'opère donc un transfert de la ressource pétrolière vers l'électricité. L'exemple de la gestion des températures et autres fonctions des foyers est facile à identifier. Mais en Europe par exemple il serait possible de citer le succès croissant du trafic dans le tunnel sous la Manche qui se développe aux dépens des transports aériens et surtout maritimes pour les marchandises. Il y a là un exemple d'une substitution directe de la consommation de kérosène ou de fuel lourd devenus trop onéreux vers l'électricité dans les transports et rendue possible par un investissement majeur. La concurrence entre le TGV et le transport aérien sur notre territoire est un autre exemple de ce transfert de ressource énergétique. Les transports de masse ferroviaires (TGV, RER, métro, tramway) de façon générale assurent cette fonction dans le monde. Ils impliquent faute d'évidente rentabilité, le plus souvent au préalable un investissement massif de la collectivité. Il sera intéressant de suivre les péripéties d'un tel développement du train rapide envisagé en Californie.

    Le 29 Mars 2011

  • France: la production d’électricité ne suit pas la croissance de la demande

    France: la production d’électricité ne suit pas la croissance de la demande

     En raison des progrès réalisés dans l'efficacité énergétique des processus et de l'arrêt de nombreuses activités manufacturières, la consommation globale d'énergie en France est en décroissance depuis 2004. De 263 MTEP à cette date elle est passée à 242 MTEP en 2009 (BP statistical review) pour remonter en 2010 vers les 255 MTEP. Cette lente décroissance globale s'accompagne d'une redistribution du mix énergétique avec l'arrivée des énergies renouvelables et la baisse des consommations de produits pétroliers qui ont chuté de 10% entre 2004 et 2010, passant de 2 millions de barils/jour à 1,8 million.

    Remarque: il faut toujours prendre ces statistiques énergétiques avec beaucoup de recul. En effet elles proviennent d'une addition de choux et de navets avec d'une part les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) et les énergies électriques renouvelables ou nucléaires. Les productions électronucléaires sont transformées en équivalent énergie primaire avec un rendement fixé à 33% (1MWh = 0,2606 TEP) alors que les productions hydrauliques, éoliennes et photovoltaïques sont comptabilisées avec un rendement de 100% (1MWh = 0,086 TEP). La part du nucléaire dans le bilan énergétique de la France est donc une donnée à considérer avec prudence.

     Au sein de ce mix, les consommations d'électricité sont depuis dix ans en croissance régulière (FIG.I) avec une progression moyenne annuelle de 1,4% soit de 5,5 TWh (courbe rouge).

    Consommations-annuelles-RTE

    Ce résultat provient d'une forte croissance de la consommation (2,2% par an ou 7 TWh) au travers des distributeurs vers les clients petits ou moyens (FIG., courbe verte) alors qu'inversement la consommation des gros industriels servis directement par RTE a affiché durant cette période une baisse de -1,8% par an en passant, entre 2001 et 2010, de 94 TWh à 80 TWh.

     En face de cette croissance des consommations, les productions d'électricité en France n'ont pas suivi. Entre 2000 et 2010 les productions nettes sont passées de 517 à 550 TWh soit une croissance annuelle de 0,6%. Ce phénomène de piétinement, malgré la mise à disposition de 15 TWh d'électricité issue d'énergies renouvelables autres qu'hydraulique durant la période, provient des mauvaises performances du nucléaire français des cinq dernières années (FIG.II, courbe verte, échelle de gauche).

    Productions-annuelles-RTE

     La production ne suivant pas la croissance de la demande c'est le solde des échanges d'électricité avec nos voisins (courbe rouge, échelle de droite) qui en a pâti. Les importations d'électricité en provenance d'Allemagne ont ainsi atteint des puissances moyennes annuelles très élevées ( 2,2 GW en 2009 et 1,8 GW en 2010).

     En résumé, en raison d'une croissance soutenue de la demande intérieure et d'une faible progression des productions, la France a perdu en cinq ans son statut de grand fournisseur d'électricité à ses voisins européens. Bien sûr cela se retrouve dans le bilan du commerce extérieur par un moindre solde positif et donc par une contribution à la baisse du PIB de notre pays.

     Ce point étant réalisé, il est alors possible de se poser quelques questions sur le futur à moyen terme de l'activité électrique de notre pays en le reliant à la même problématique au niveau européen puis mondial.

    1- tout d'abord il faut imaginer une consommation d'électricité française qui va poursuivre sa croissance et non pas l'inverse comme essaient de s'en persuader certains. Pourquoi? Parce que l'usage d'électricité est lié à la croissance du PIB et de la démographie. Les pompes à chaleur réversibles constituent de formidables outils de régulation thermique du foyer. Parce qu'il va falloir réduire les consommations de produits pétroliers hors de prix, abandonner le fuel domestique dans le chauffage et commencer pour certains à rouler en véhicules électriques. Parce que les progrès dans l'efficacité énergétique évalués à 10% de la consommation européenne d'électricité d'ici à 2020 par la Commission Européenne (341 TWh dont une large part de 140 TWh dans les moteurs industriels) ne seront pas suffisants pour stabiliser les consommations.

    2- les prix du MWh électrique vont augmenter. EDF va mettre à profit l'émoi causé par l'accident japonais de Fukushima pour justifier des augmentations de tarifs que le Politique ne pourra plus lui refuser. La sécurité nucléaire aura bon dos pour cacher sous le tapis les résultats d'une gestion très approximative de l'entreprise EDF. Mais il faut replacer ce mouvement de hausse prévisible du MWh électrique dans l'évolution générale des prix de l'énergie. Ils apparaitront finalement comme très mesurés. Rappelons que les prix de l'énergie dans la Zone Euro au mois de Février dernier étaient en hausse de 13% par rapport à ceux du mois de Février 2010. Ce mouvement n'est pas fini.

    3- il ne faut pas se faire d'illusions sur l'aptitude de nos voisins européens à subvenir à nos défaillances de génération électrique. L'Allemagne avec sa décision de quitter le nucléaire va se mettre en limite de puissance disponible. Un scénario d'un retour de la Gauche, alliée aux Verts, dans notre pays qui s'accompagnerait de la fermeture symbolique d'une ou deux centrales nucléaires plongerait l'Europe dans une quasi-pénurie de puissance électrique. Il faudrait alors gérer la pénurie de puissance en pointe par des effacements ou des délestages.

    4- dans ce contexte l'arrivée de la nouvelle tranche N°3 EPR de Flamanville  sera la bienvenue. Un plan d'accélération de la modernisation du parc élctronucléaire mondial existant doit tenir compte du projet franco-japonais Atmea qui est un produit de 1000 MW alliant les connaissances d'AREVA et de MHI. Ce pourrait-être le produit à promouvoir dans le monde en remplacement des solutions low-cost qui prévalaient jusque-là. Un exemple: se débarrasser de l'hydrogène provenant de la corrosion du cœur de la centrale en surchauffe en faisant exploser le toit de l'enveloppe externe comme à Fukushima, n'est pas digne d'une technologie soi-disant sous contrôle. Les centrales les plus évoluées savent résoudre ce problème par une recombinaison catalytique ménagée de l'hydrogène à l'oxygène de l'air.

    5- l'introduction dans notre pays de 5 à 10 GW de centrales au gaz à cycle combiné par EDF et ses concurrents confèrerait au parc français une bien plus grande souplesse et se rentabiliserait par une reprise du solde des échanges avec ses voisins. Pour que ces investissements soient réalisés et participent à la croissance du PIB, il faut que le MWh se vende en France au juste prix par rapport au restant des pays européens. Pour l'instant EDF investit aux Pays-Bas dans ce domaine. Bien sûr, pour alimenter ces centrales il faudrait investir dans quelques terminaux portuaires gaziers qui permettraient d'acheter le GNL sur le marché spot abondant et non indexé sur les cours du pétrole.

     En conclusion, la France avec un peu de sang-froid et de réalisme économique peut mettre à profit les questionnements actuels sur les problèmes de génération d'électricité locaux et dans le monde. Pour cela elle doit établir un juste prix du MWh, investir dans de nouvelles centrales au gaz et électronucléaires d'avenir. Elle peut disposer avec l'EPR et la centrale franco-japonaise Atmea qui reste à valider industriellement, des solutions pour la future génération de centrales électronucléaires dans le monde et se démarquer ainsi des concurrents nippo-américains ou coréens qui jouaient jusque là les solutions low-cost. Dans ce contexte la nécessité de la reconduite d'Anne Lauvergeon dans ses fonctions à la tête d'AREVA apparaît comme une évidence.

    LIRE le rapport de la Commission Européenne sur plan d'amélioration de l'efficacité énergétique

    Le 23 Mars 2011