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  • Des commandes à l’industrie manufacturière allemande à fin 2010 de bonnes augures

    Des commandes à l’industrie manufacturière allemande à fin 2010 de bonnes augures

     Le suivi de l'industrie manufacturière allemande, cœur de la santé économique européenne, est un exercice indispensable pour porter jugement sur l'état de cette économie. Encore faut-il assurer ce suivi de façon pertinente. Le CAC 40 a par exemple réagi négativement à l'annonce d'une insignifiante baisse des facturations de cette industrie au mois de Décembre par rapport à celles de Novembre qui étaient au plus haut de deux ans en arrière (FIG.). Le DAX à Francfort s'est pour sa part complètement moqué de la nouvelle. Ceci illustre à la fois la forte émotivité des acteurs boursiers français et leur faible niveau de compétence. Pour porter jugement sur une activité manufacturière il existe deux paramètres importants: les entrées de commandes et le rapport entre commandes et facturation, ce que les anglo-saxons nomment le "Book-to-Bill ratio", qui indique si cette activité voit croître ou décroître son carnet de commandes.

    Allemagne-commandes-facturations

    Alors qu'en est il pour l'industrie manufacturière allemande?

     Les Entrées de Commandes (FIG., courbe rouge) ont atteint en Novembre et Décembre après correction des variations saisonnières et des jours ouvrables les indices 114,3 et 110,4 qui les classent parmi les trois meilleurs mois depuis deux ans. La facturation suivant cet indice avec un décalage moyen de deux mois, il est donc possible de prévoir de bonnes facturations en Janvier et Février 2011.

     Le Carnet de Commandes dont l'évolution dépend de la position de la courbe rouge (commandes) par rapport à la courbe noire (facturations) se gonfle depuis le début de 2010. En effet en période de forte activité économique les commandes naturellement repartent mais se rajoutent à cet effet naturel les anticipations des approvisionneurs qui pour être certains de disposer en quantité au bon moment des produits, vont majorer et cadencer à plus longue échéance leurs commandes. Cet effet d'emballement était parfaitement perceptible à fin 2007 en Allemagne où l'indice des entrées de commandes avait dépassé les 126 au mois de Novembre avec un Book-to-Bill de 1,11. Inversement en période de basses eaux les approvisionneurs laissent les stocks chez leurs fournisseurs et passent leurs ordres justes en quantités au dernier moment. L'indice des commandes allemandes du mois de Février 2009 qui avait frisé la valeur 78 (Book-to-Bill = 0,89) illustre cette amplification redoutable à la baisse. Dans ces périodes les commandes passent en dessous des facturations et les carnets se dégonflent.

     Ces courbes illustrent l'impact des anticipations des acteurs sur l'activité économique allemande.  Définitivement à fin 2010 la tendance était à la poursuite de la robuste reprise amorcée en début d'année, sans pour autant reproduire les emballements de 2007 qui ont conduit à la faillite de 2008/2009.

    Remarque importante: ces courbes ayant par convention toutes les deux la valeur forfaitaire 100 en 2005, ce sont donc les variations des valeurs relatives des commandes et des facturations par rapport à ce qu'elles étaient à cette époque qui sont décrites. Les rapports entre commandes et facturations sont donc relatifs à celui du rapport moyen de 2005 qui est arbitrairement égal à un ici, mais qui devait être différent de l'unité en euros de l'époque.

    CONSULTER les données Destatis sur ce sujet.

    Le 9 Février 2011

  • La trop lourde facture énergétique de la France ne fait pas assez l’objet d’attention

    La trop lourde facture énergétique de la France ne fait pas assez l’objet d’attention

     Il ne se passe pas une journée médiatique sans intervention d'un politique français nous expliquant ce qu'il va faire pour favoriser les exportations agricoles ou industrielles de notre pays. Outre que ces activités relèvent peu de l'Administration et sont généralement la conséquence des actions de Groupes privés qui éprouvent peut-être quelques difficultés à exporter les productions des usines implantées en France, il serait également utile d'entendre ces mêmes personnages d'État nous expliquer ce qu'il serait possible de faire pour importer moins et réserver des ressources pour favoriser l'investissement ou la consommation de services locaux. L'un des postes majeurs dans ce domaine, bien avant celui de l'informatique, l'électronique et la communication, concerne la Facture Énergétique de la France.

    Facture énergétique
     Elle avait atteint, selon les Douanes, en 2008, année de toutes les folies, un montant de 59 milliards d'euros dont plus de 40 milliards pour le seul pétrole brut (TAB.). En 2009 avec le reflux des prix et des volumes consommés en raison de la crise économique, le solde énergétique s'était replié avec une facture de 41 milliards d'euros seulement. Mais 2010 ayant connu la reprise des activités et la hausse des prix de l'énergie, c'est une inflation de 19% de la note qui a été enregistrée pour atteindre les 49 milliards d'euros.

     Quelques remarques:

    -Le solde des échanges d'électricité affiche un piètre milliard d'euros d'excédent. C'est minable pour un soi-disant leader de la production d'électricité européenne. Une meilleure maintenance de l'outil électronucléaire aurait permis d'atteindre au moins le double. La France de par sa position géographique dans l'Europe, grâce à une politique siouxe d'investissement dans la production d'électricité et une politique tarifaire plus dynamique, pourrait être un grand fournisseur de puissance électrique à ses voisins. Mais les acteurs ont décidé de laisser vieillir l'outil de production, de maintenir des tarifs de misère et d'inciter EDF à aller gaspiller son cash aux États-Unis dans des alliances dépassées. Mais où est le Plan qui fixerait aux acteurs industriels de l'électricité en France de stopper les importations allemandes et de pouvoir exporter pour 5 puis 10 milliards d'euros d'énergie à nos voisins.

    -les importations de charbon et de cokes métallurgiques représentent un solde déficitaire de 2 milliards d'euros. Attendons l'échéance du plan de fermeture des centrales au charbon.

    -les produits pétroliers raffinés présentent un solde qui s'est très fortement dégradé. Ceci n'est pas étranger aux difficultés du raffinage français qui n'arrive plus à exporter sa production excédentaire d'essence qui allait traditionnellement vers les États-Unis. Ces derniers en consomment moins et utilisent en partie de l'éthanol. La France consomme trop de fuel et de gasoil. Ne faudrait-il pas se poser quelques questions sur les actions correctrices possibles? En particulier sur la consommation de fuel domestique.

    -l'approvisionnement en gaz naturel est partiellement plombé en France par les clauses d'indexation des prix sur ceux du pétrole. Il serait temps de se dire qu'il y a un marché libre du gaz dans le monde. Les méthaniers du Qatar ou d'Afrique de l'Ouest puis plus tard ceux de Russie (Shtokman) déroutés des terminaux américains devenus inutiles avec la poussée des gaz non conventionnels locaux pourraient venir livrer leur cargaison sur la façade atlantique européenne.

    -enfin le gros du problème: le pétrole brut. Pour l'instant seuls les dockers de Marseille sont capables de faire baisser les importations. C'est tout de même un peu juste comme politique énergétique!

    En l'absence de plan d'économie et dans l'hypothèse d'un maintien des cours actuels des produits pétroliers il est fort probable que la facture énergétique de la France en 2011 se rapprochera des 5 milliards d'euros par mois en moyenne pour rejoindre les sommets enregistrés en 2008.

    Accéder aux données statistiques des Douanes.

    Le 8 Février 2011

     

  • Du pétrole, du gaz, des céréales, des métaux arrosés de jus d’orange…un cocktail explosif

    Du pétrole, du gaz, des céréales, des métaux arrosés de jus d’orange…un cocktail explosif

    Commodity futuresCRB2
     Le mouvement souvent synchrone des variations de cours des matières premières aussi diverses que le pétrole, le blé, le maïs, le cuivre, l'or, le coton, le cacao, le café, l'huile de palme, etc. correspond tout d'abord à l'influence de cycles économiques et à la disponibilité de larges liquidités monétaires à bon prix. En ce moment le monde évolue dans une phase montante de cycle qui voit les milieux financiers se protéger de l'inflation et des variations monétaires en investissant massivement leurs abondantes liquidités dans ces commodities. Les marchés à terme se retrouvant en contango, les stocks physiques disponibles en attendant des cours meilleurs ou vendus à terme se retrouvent plus ou moins gelés ce qui exacerbe la montée des cours.

     Mais il est un autre paramètre beaucoup plus trivial qui participe à ce synchronisme: c'est l'existence de cocktails indiciels ou Commodity Index tels que le UBS Bloomberg CMCI, le S&P GSCI, le Thomson Reuters Jefferies CRB Index et autres Rogers Intl (FIG.I). Ces paniers indiciels, plus ou moins diversifiés, permettent à l'investisseur qui achète du papier qui réplique ces indices, de moyenner ses risques sur un large cocktail de matières premières. Il achète donc à la fois du pétrole, du gaz naturel, du blé, du maïs, de l'or, du cuivre, de l'aluminium et…du jus d'orange.

    Reuters-Jefferies
     Par exemple, les cours du Jefferies CRB Index (FIG.II) qui ont dépassé les 340, montrent que les retraités californiens ont réalisé de copieux profits depuis le mois de Février 2009 où cet indice était tombé à la valeur 200, plus bas des 7 dernières années. Obtenir +70% en deux ans ce n'est pas si mal, même si votre intermédiaire financier vous en pique un peu au passage. Quand aux émeutes de la faim…c'est aux gouvernements musclés responsables locaux de prendre les choses en main.

    Mais non, il n'y a pas de spéculation…les "experts" de la Commission Européenne nous l'affirment.

    Suivre le Reuters-Jefferies CRB.

    Le 7 Février 2011

  • L’efficacité énergétique des processus détermine-t-elle la croissance économique?

    L’efficacité énergétique des processus détermine-t-elle la croissance économique?

     La Science économique s'est penchée depuis le 19ème siècle sur la relation qui existe entre croissance économique et consommation d'énergie. Il est longtemps apparu comme de bon sens, que la consommation d'énergie n'est que la conséquence de la croissance économique. La boulimie énergétique chinoise ou indienne actuelle nous montre avec évidence l'existence de ce lien direct. Un exemple qui nous éloignera des statistiques douteuses chinoises: en 2011 d'après une dépêche Bloomberg, il devrait manquer à l'Inde 142 millions de tonnes de charbon pour faire marcher ses centrales électriques situées prudemment dans les ports. Elle ne saura extraire de son sol que 554 millions de tonnes de charbon alors qu'elle prévoit d'en consommer 696 millions de tonnes affirme le Ministre indien en charge de ces problèmes. Dans les vingt ans à venir la consommation annuelle indienne devrait atteindre deux milliards de tonnes de charbon, affirme ce même Ministre.

     La question fondamentale qui aurait alors dû être posée à ce charmant personnage indien est la suivante: êtes-vous sûr que l'Australie, l'Afrique du Sud, l'Indonésie et autres pays exportateurs de charbon seront prêts à vous vendre le milliard de tonnes de combustible ou plus qui vous manquera alors? En d'autres termes ce Ministre extrapole naïvement à 20 ans la tendance de ces dernières années sans se préoccuper des contraintes de prix qui vont peser sur ses approvisionnements puis des contraintes basiques de disponibilité marchande de la ressource qu'il faudra alors se partager avec d'autres.

    US-Energy-flow-2009
     Au travers de cet exemple indien se pose donc le problème de la pérennité de la croissance d'une Nation qui ne ferait aucun progrès dans l'efficacité énergétique des processus. Pour Robert Ayres et Benjamin Warr la réponse est évidente: il y a un lien direct de cause à effet entre efficacité énergétique (useful work) et croissance économique des Nations. Ces deux économistes renversent donc le sens de la relation: c'est le progrès dans l'efficacité énergétique, fruit de la technologie, qui permet de produire moins cher des produits et des services et les rend accessibles au plus grand nombre. En d'autres termes sur le court terme, de quelques années, ce sont les cycles économiques qui déterminent les fluctuations de consommations d'énergie mais sur longue période c'est la relation inverse qui prévaut: ce sont les progrès dans l'efficacité énergétique des processus qui déterminent la croissance. Les progrès dans la machine à vapeur, le moteur à explosion, le moteur électrique, la miniaturisation des équipements (downsizing) ont déterminé la croissance économique des nations.

    Pour compléter ces propos il serait possible aussi d'invoquer la disponibilité dans certains pays de bonnes ressources énergétiques. Si le Japon par exemple, bien que ne disposant que de bien peu de ressource énergétique a su développer l'économie la plus avancée des grandes Nations industrielles, les États-Unis malgré une gabegie énergétique certaine, ont réussi à atteindre un niveau remarquable de développement grâce à leurs ressources énergétiques quasi inépuisables. L'aventure toute nouvelle des gaz de schistes qui leur donne accès à une nouvelle ressource qui va leur permettre de s'équiper de centrales au gaz à cycle combiné à fort rendement (60%) apparaît comme une formidable chance pour ce pays.

    Par contre, cette approche économique de Ayres et Warr ne peut que rendre suspicieux celui qui essaye d'imaginer la poursuite de la croissance future de la Chine et de l'Inde. Viendra un jour où le reste du monde se révoltera contre le nouveau gâchis organisé des ressources énergétiques mondiales de ces deux grands pays, même s'il est vrai qu'une large part de leur activité n'est en réalité que de la sous-traitance pour les pays développés qui vont devoir en payer indirectement la facture énergétique.

     Les progrès énergétiques dans la génération d'électricité et dans les transports qui sont les deux postes essentiels du gaspillage énergétique actuel, vont déterminer la croissance à venir des Nations. En 2009 le rendement global de la production et de la distribution d'électricité aux États-Unis était de 32% (12,08/38,19 indique le diagramme), celui des transports était encore plus faible (6.74/26.98 = 25%). Il est évident que d'énormes progrès sont réalisables dans ces deux domaines, à condition de bien poser les problèmes.

     Prenons le cas de la France. L'objectif aujourd'hui est de consommer rapidement moins d'énergie pour la réalisation d'une tâche donnée, afin de désensibiliser l'économie aux fluctuations à la hausse des prix des ressources énergétiques. Prévoir l'économie du futur immédiat avec un pétrole à 200$ le baril et un charbon à 200$ la tonne telle est la tâche importante de ceux qui nous dirigent.

     Alors voici quelques grosses erreurs à éviter et pour lesquelles les actions correctrices urgentes devraient être prioritaires:

    -importer du charbon pour produire de l'électricité avec un rendement énergétique au mieux de 40%

    -laisser la circulation routière quotidienne s'enliser dans d'énormes bouchons,

    -maudire les poids lourds et le transport routier sans imaginer que leur nuisance pourrait être largement réduite par le progrès technique (hybridation, mélange gaz naturel gasoil, réduction de la masse et des forces de frottement, augmentation du poids total en charge et atteinte d'une consommation de 20 litres aux cent kilomètres)

    -continuer à se chauffer ou alimenter des chaudières industrielles au fuel domestique,

    -laisser en activité des raffineries de pétrole hors d'âge,

    -taxer les émissions de CO2 en croyant naïvement qu'un impôt de plus va relancer la croissance…"verte",

    -avoir précautionneusement peur de tout ce qui est nouveau (gaz de schistes, biocarburants, génie génétique, nouvelles centrales au gaz, etc.)

     Malheureusement notre pays est largement atteint par nombre de ces maux dont le plus grave me semble être le dernier, et il n'apparaît pas que de puissantes actions correctrices soient en œuvre. Il faut donc être pessimiste sur le futur de la croissance économique de la France et donc sur le bonheur de sa population, ce qui est désolant. Le "josébovéisme" de gauche et le "précautionnisme" de droite, formes modernes d'obscurantismes, prévalent et trouvent certains relais aux plus hauts échelons de l'État. L'unanimité dans les médias pour condamner sans enquête équitable l'exploration puis l'exploitation éventuelle des gaz de schistes en France illustre parfaitement l'état d'esprit du moment. Mais me direz-vous, le choix du Larzac comme terrain de prospection par le Ministère Borloo n'était-il pas une provocation volontaire pour mettre le feu aux poudres? L'inattention dans ce domaine est impossible.

    LIRE un résumé des travaux de Ayres et Warr.

    Le papier de Bloomberg sur le charbon indien.

    Pour mieux comprendre les gaz de schistes  avec plus d'objectivité que ne le font les médias français, consulter l'excellent travail de Florence Gény du Oxford Institute for Energy Studies: "Can Unconventional Gas be a Game Changer in European Gas Market". Après des conclusions pessimistes, ses recommandations pour que l'Europe réussisse un jour dans ce domaine sont limpides.

    Le 6 Février 2011

     

  • L’industrialisation des biocarburants de deuxième génération va-t-elle trouver une issue économiquement viable?

    L’industrialisation des biocarburants de deuxième génération va-t-elle trouver une issue économiquement viable?

    Poet-matièrepremière
     Les biocarburants de deuxième génération issus des lignocelluloses pour lesquels tant de louanges ont été dispensées, solutions évidentes à tous nos maux et autres problèmes énergétiques, n'existent industriellement toujours pas. Seules quelques unités pilotes et autres maquettes, largement subventionnées par la puissance publique, sont à la recherche d'une optimisation énergétique et financière qui ne semble pas pour l'instant convaincre totalement les investisseurs. Pourtant des procédés très divers sont à l'étude ils vont de la destruction chimique totale du matériau en gaz de synthèse, voie radicale mais énergétiquement coûteuse, à la lente digestion après hydrolyse ou extraction de la cellulose et hemicellulose par des enzymes hors de prix qui conduisent à des bières très peu concentrées en alcool, difficile à isoler ensuite à l'état pur. D'autres peuvent faire appel à divers procédés catalytiques qui conduisent à des soupes de substances organiques qu'il faut ensuite valoriser ou encore à une simple pyrolyse qui conduit à des bio-oil, mélanges instables de charbon de bois et de résidus organiques oxygénés susceptibles à leur tour d'être brûlés ou valorisés chimiquement.

     Le bilan énergétique de toutes ces opérations est le plus souvent faible. La transformation enzymatique en sucre puis en éthanol qui est chimiquement la moins traumatisante et donc énergétiquement une des plus favorables, présente avec un bilan de 3,2 kg de résidus ligneux de maïs pour un litre d'alcool pur un bilan énergétique théorique de 37% hors apports énergétiques externes. Dans la pratique ce rendement sera donc grosso-modo d'un tiers.

     L'autre contrainte majeure est la faible énergie volumique des matières premières: le bois avec 9MJ/litre est 2,3 fois mois énergétique que l'éthanol, les résidus ligneux selon leur compacité et leur structure vont être 2 à 3 fois plus volumineux que le bois compact.

     Cette faible énergie volumique conduit à une contrainte industrielle très importante: pour des questions de logistique la taille de l'unité industrielle devra être limitée. Une unité qui traitera 1000 tonnes de bois ou déchets par jour produira dans les 315 m3 d'éthanol par jour (1980 barils/jour) et devra donc absorber dans les 4 à 5000 m3 de déchets par jour…une paille.

     L'industriel le plus avancé dans ce domaine des biocarburants de deuxième génération est paradoxalement le leader mondial du bioethanol de maïs. C'est l'américain Poet (27 usines proches des paysans, 110 mille barils/jour d'éthanol, 11 mille tonnes/jour d'aliments protéinés pour animaux). Il va démarrer une boucle cellulosique de production dans son usine d'Emmetsburg (Iowa) qui va consommer dans les 822 tonnes de déchets de maïs par jour (LIRE). Pour démarrer les premiers tests les paysans ont déjà ramassé 56 mille tonnes de rafles, feuilles et tiges de maïs. Ils toucheront de l'État américain 45$ par tonne livrée pendant maximum deux ans pour les dédommager des investissements nécessaires à la collecte, au stockage et à la logistique.

     Pour un producteur d'alcool de maïs, cette nouvelle filière vient astucieusement compléter ses opérations par une plus grande utilisation d'une large partie des équipements existants, par un approvisionnement de matière première indépendante des cours du maïs en grain, par des volumes complémentaires de livraisons de la part de ses fournisseurs habituels ainsi fidélisés, par une production d'alcool majorée de 40% à partir de surfaces cultivées identiques et qui rendront plus insignifiantes encore les complaintes des tenants de l'immobilisme agricole.

     Le succès attendu de Poet dans sa stratégie industrielle est un point clé pour le succès des biocarburants de deuxième génération. D'autres pourront éventuellement l'imiter, en particuliers ses concurrents producteurs d'alcool de maïs. D'autres filières, plus farfelues, reposant par exemple sur la conversion en gaz de synthèse de déchets par une torche à plasma, couplée à un procédé Fischer-Tropsch (accord Solena-Rentech) pourront permettre d'arriver à des produits à forte valeur ajoutée comme du kérosène "bio" que toutes les compagnies aériennes demanderont pour réduire leurs émissions de CO2..mais à quel prix?

    LIRE l'avancement du projet Liberty de Poet.

    Le 5 Février 2011

  • Monsieur le Maire, demandez vite le même à votre fournisseur de bus!

    Monsieur le Maire, demandez vite le même à votre fournisseur de bus!

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     Hyundai annonce qu'il va mettre en test 30 bus hybrides au gaz naturel comprimé avec pour objectif de commercialiser ce véhicule dès 2012. La bestiole munie d'un moteur à combustion interne au gaz naturel possède également un moteur électrique de 60 kW, une batterie au Li-Ion polymère de 3,8 kWh et quelques accessoires pour hybrider les deux tractions. D'après Hyundai ce bus présente avec 5 réservoirs de gaz au lieu de 7 sur la version non hybride, la même autonomie de 340 km. La consommation de gaz est réduite de 24% et il émet 33 tonnes de CO2 par an, soit 35% de moins qu'un bus diesel classique.

     Nul doute, Monsieur le Maire, qu'il y a là le type exact de bus ne consommant pas de pétrole et récupérant l'énergie au freinage, qui roulera demain dans votre agglomération. Demandez exactement le même à votre fournisseur habituel!

    LIRE le bref papier de Hyundai sur le sujet.

    Le 3 Février 2011

  • Le gel des stocks de pétrole ne risque-t-il pas de relancer un processus spéculatif façon 2008?

    Le gel des stocks de pétrole ne risque-t-il pas de relancer un processus spéculatif façon 2008?

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     Sur fond de risques géopolitiques dans la zone Moyen Orient-Afrique du Nord (MENA) un tel processus, modèle 2008, ne risque-t-il pas de se reproduire. Le GEL DES STOCKS de pétrole ou plus exactement d'une partie de ces stocks, officiels ou flottants, vendus à terme ou attendant tout simplement la hausse des cours ne participent plus à la fluidité du marché.

    Il semblerait que les opérateurs aient biaisé en partie ce processus en opérant sur le Brent à Londres dont les cours à terme sont étales (courbe verte), mais en payant une PRIME DE FLUIDITÉ au marché de Londres de plus de 11$ le baril.

    Le résultat se traduit toujours par une hausse des cours qui entraînera, si le WTI suit et avec un délai de quelques mois, une baisse des consommations aux États-Unis et un dégonflement brutal de la bulle…jusqu'à la prochaine. Le scénario le plus défavorable pour l'Europe, serait une stagnation de la situation actuelle qui majore le prix du brut dans sa zone.

    Ce qu'il manque pour porter jugement sur ce marché du pétrole c'est un indice de fluidité des stocks. Ce n'est pas tant leur niveau qui importe que leur disponibilité. Ceci est d'ailleurs vrai pour toutes les matières premières depuis l'Égypte ancienne.

    La spéculation intervient donc sur deux paramètres: sur la demande de papier ou de produit physique en apportant d'énormes liquidités, sur la viscosité des stocks en les figeant en attente de cours meilleurs ou d'échéances de ventes à terme.

    Le 3 Février 2011

  • Siemens: un projet d’étude d’une centrale solaire thermique à sel fondu au Portugal

    Siemens: un projet d’étude d’une centrale solaire thermique à sel fondu au Portugal

    Siemens a pris l’an dernier une participation de 45% dans la Société italienne Archimède (LIRE) qui développe une variante des centrales solaires thermiques à focalisation parabolique en utilisant comme fluide calo-porteur un sel fondu en lieu et place d’une huile thermiquement stable. Cette option permet de simplifier les équipements avec l’absence d’échangeur de chaleur et de travailler à plus haute température (FIG.), au-dessus des 500°C, au lieu des 400°C utilisés classiquement, ce qui permet d’améliorer le rendement thermique de la turbine de 6%.

    Archimède

    Siemens annonce qu’il va monter un unité de test au Portugal, équipée de ce genre d’équipement et qu’il compte tester durant une période de plus de trois ans, avec pour objectif de qualifier divers sels calo-porteurs à bas point de fusion, ceci afin d’éviter tout phénomène de cristallisation à basse température dans la boucle de 300 mètres de long. Bien sûr tous ces travaux sont sponsorisés par les instances administratives germaniques.

    Le solaire thermique depuis le rachat de Solel en Espagne, fait partie des axes stratégiques de Siemens. Ces technologies se heurteront aux technologies photovoltaïques économiques sur le marché de l’électricité solaire à bas coûts. Je n’imagine pas la voie thermique l’emporter sinon au travers de systèmes hybrides gaz naturel-solaire qui permettraient d’assurer un service 24H/24 en minimisant les consommations de gaz et les émissions de CO2. La boucle solaire pourrait être alors en appoint des gaz chauds sortant de la turbine à gaz principale.

    LIRE le communiqué de Siemens.

    Le 2 Février 2011

  • Panasonic se désengage de la technologie Ni-MH pour les batteries de véhicules hybrides

    Panasonic se désengage de la technologie Ni-MH pour les batteries de véhicules hybrides

    Usine Shonan Energy  La montée des cours des métaux non ferreux que sont le Nickel, le Cobalt et les Terres Rares (La, Ce, Pr, Nd, Sm) qui constituent les éléments de base d'un accumulateur Ni-MH (nickel métal hydrure) handicape lourdement cette technologie utilisée à ce jour dans les petits accumulateurs substituables aux piles ("piles rechargeables") et dans les véhicules hybrides pour Toyota et Honda essentiellement.

     Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour pronostiquer un départ programmé des acteurs japonais de cette technologie de plus en plus "Old Stylou" et qui peut être avantageusement remplacée par des batteries de types Li-Ion.

     La première étape de ce processus est en passe d'être franchie avec l'annonce par Panasonic de la vente au chinois Hunan Corum New Energy de sa filiale Shonan Energy qui produit des batteries Ni-MH pour les véhicules hybrides de Honda et de Toyota. L'usine japonaise de Chigasaki, Kanagawa Prefecture, (FIG.) sera transférée à la filiale qui sera à son tour cédée au Chinois pour 500 millions de yens. Ce deal faisait partie des demandes exprimées par la Chine pour donner son accord à la fusion de Sanyo avec Panasonic.

     Bien sûr cela ne concerne pas pour l'instant la filiale Panasonic EV Industry dont Toyota possède 80% des parts et qui produit les batteries Ni-MH des véhicules hybrides de Toyota.

    Remarque: les constructeurs européens qui arrivent sur le segment hybride avec plus de dix ans de retard par rapport aux grands constructeurs  japonais vont cependant profiter d'un avantage: démarrer directement avec des batteries Li-Ion. C'est le cas par exemple de la Audi Q5 Hybrid qui sera équipée en 2012 d'un pack batterie 1,3 kWh Sanyo Li-Ion de 266V (72 éléments de 5 Ah en série). La masse totale de la batterie ne sera que de 35 kg pour une masse d'accumulateurs de 18,2 kg. L'ensemble de l'équipement hybride (batterie, moteur électrique, onduleur, chargeur, etc.) présentera une masse totale de 130 kg.

    LIRE l'article du Nikkei.com

    Le 2 Février 2011

  • Et si les cours du Brent étaient une occasion pour se poser les bonnes questions sur le mix énergétique de notre pays

    Et si les cours du Brent étaient une occasion pour se poser les bonnes questions sur le mix énergétique de notre pays

    Il avait été mentionné ici lors du franchissement des 85$ par le baril de Brent dès le début du mois de Novembre 2010, le démarrage probable d’un rallye haussier sur les cours du pétrole (LIRE). Ce phénomène qui se démarquait nettement de la nonchalance des cours observée au préalable, était amplement confirmé par les cours du Brent au début du mois de Décembre (LIRE) et devenait une évidence lorsque le saoudien Al Naimi donna le feu vert pour un baril à 100 dollars (LIRE). Voila pour la chronologie passée.

    Les données actuelles, sur fond d’agitation populaire inattendue en Afrique du Nord, confirment cette hausse annoncée (FIG.) avec une baisse de l’index dollar qui est repassé au-dessous des 80$.

    Cours_Brent

    Pour essayer d’imaginer le futur il faut, je crois, posséder quelques données simples comme en particulier les productions de pétrole des pays de l’Afrique du Nord. L’Egypte, outre l’importance du Canal de Suez pour les acheminements, produit dans les 0,8 million de barils/jour, l’Algérie 1,27 million (hors condensats du gaz naturel) et la Libye 1,56 million. Ces trois seuls pays dont deux sont membres de l’OPEP, situés au sein ou proches de l’agitation populaire représentent donc dans les 3,5 millions de barils/jour de production de pétrole. L’Algérie est également un producteur important de gaz naturel.

    Il existe de ce fait une forte probabilité pour que l’agitation largement médiatisée de cette région se traduise par un sentiment de menace partagé sur l’approvisionnement d’une partie du pétrole dans le monde. La découverte subite de la faiblesse des régimes autoritaires dirigeant cette région est un facteur qui va pousser les cours vers le haut. Ce phénomène associé à la reprise des consommations américaines avec le printemps pourrait amener le Brent bien au-delà des 100 dollars…et pourquoi pas vers les 100 euros/baril.

    En partant de telles hypothèses qui n’ont rien de farfelu, n’est-il pas venu le temps pour notre pays de se poser les bonnes questions sur sa politique énergétique et sur l’évolution de son mix énergétique. Celui-ci ne peut pas être un simple optimum écologique qui par des coûts débiles des ressources atteindrait notre économie. Ce ne peut pas être non-plus un simple optimum financier du moment qui ne prendrait pas en compte des hypothèses d’évolution des marchés et la raréfaction du pétrole pas cher. Mais il doit tenir compte des 35 milliards d’importations annuelles de produits pétroliers qui risquent de se diriger rapidement vers les 50 ou 60 milliards avec les cours galopants.

    Alors un certain nombre d’actions urgentes devraient s’imposer et faire l’objet d’un Plan National Energétique (liste non exhaustive):

    -mettre un terme progressif au chauffage au fuel des habitations et des locaux industriels ou commerciaux moyennant une dissuasion fiscale (TIC) sur le fuel domestique. Ce chauffage et autres applications industrielles représente dans les 15 à 17% de consommation de produits pétroliers (INSEE). Cette mesure permettrait de réduire fortement nos importations de gasoil en provenance de Russie ou d’ailleurs.

    -élaborer avec les professionnels une vraie politique des biocarburants (type, mode de production, ressources utilisées localement ou importées, etc.). Ces ersatz vont être rapidement indispensables à l’équilibre offre-demande et devenir moins onéreux que les produits pétroliers. Ne pas fantasmer sur les procédés durablement non rentables et inadaptés à une production rurale locale.

    -lancer efficacement l’exploration de nouvelles ressources énergétiques sur le territoire en garantissant au paysan, propriétaire du terrain sur lequel la production s’installerait en cas de découverte, une rémunération proportionnelle aux volumes extraits, sorte de droit de passage du flux dans sa propriété. L’opposition systématique et intransigeante « josébovéenne » s’en trouverait durablement affaiblie.

    -interdire la circulation dans les villes les mastodontes obséquieux et autres 4X4 qui n’ont rien à faire dans ce cadre. Rétablir une lourde « vignette écolo » pour les plus énergivores.

    -élaborer un plan de réduction des consommation des poids lourds et favoriser sa mise en œuvre la plus rapide avec les instances européennes et surtout les constructeurs; augmenter le poids total en charge des plus gros camions de transport, tout en conservant un poids à l’essieu acceptable.

    -rendre à terme obligatoire le gaz naturel comme combustible des bus et autres véhicules de livraison en ville. Les options hybrides devraient être encouragées puis devenir exclusives.

    -recenser les bouchons routiers et élaborer un plan pluriannuel de leur suppression. Le « bouchon écologique » francilien est une ânerie.

    -promouvoir un plan d’implantation de centrales au gaz à cycle combiné sur le territoire qui absorberaient les pointes croissantes d’appel de courant dues à la croissance de l’éolien et à celle du chauffage électrique (pompes à chaleur inefficaces par grand froid). Ce plan dispenserait notre réseau d’importer de la puissance électrique allemande issue de centrales au charbon ou au lignite polluantes. Le PIB de notre pays s’en trouverait accru et la pollution allemande s’en trouverait réduite…pour une fois ce serait l’inverse de la mode écologique en cours qui réduit notre pollution et fait croître le PIB allemand.

    Tout cela devrait être imaginé et élaboré avec le moins possible d’intervention européenne. En effet il suffit de lire l’Executive Summary (surtout n’allez pas plus loin!) du récent « Report of European Expert Group on Future Transport Fuels January 2011 » pour vous rendre compte que ces pauvres « experts » n’ont rien à dire ou se sont tellement censurés que cela revient au même. Ce document doit, parait-il, servir de base à de futurs échanges européens sur le sujet, il ne faut donc rien en attendre.

    Le rapport des « experts » de Janvier 2011.

    Le 1er Février 2011