J’avais hésité à vous parler du « drame du pont Saint-Michel » comme on le désigne. Une périphrase qui masque maladroitement la mort d’un homme. Pour ceux qui ne sauraient pas, Frédéric Daigneau a été frappé à coup de couteaux le 28 septembre de l’année dernière. Il est mort trois jours après, pour avoir voulu défendre son bien. Les rassemblements et commémorations ont mobilisé les motards toulousains (et de villes voisines) dans un soutien sans précédent. Mais en classant un peu mes signets, j’ai retrouvé cet extrait d’article de la Dépêche du Midi relatant une agression qui précède le meurtre de Frédéric. Je m’en tiens à cette ligne, ne pas parler de sa disparition. Dans la suite donc, le compte rendu que donne le journaliste du quotidien régional d’un vol qui s’est déroulé quelques jours auparavant.
Sauf que cette fois la victime est heureusement là pour témoigner de ce qui lui est arrivé. Le motard raconte la technique, mélangeant la brutalité du vol à main armé et la ruse d’un voleur madré. Il décrit aussi la vaine poursuite, parle de l’hosto, puis de la colère d’avoir perdu sa bécane qu’il bichonnait. J’ai pensé que cela pouvait vous intéresser d’en parler, sans sombrer dans le pathos ou dans la paranoïa, je sais que certains d’entre vous se sont fait dérober leur machine.
Extrait de l’article de la Dépêche:
Dimanche 14 septembre : au guidon d’une moto Yamaha, « Z » attend au feu du rond-point Bazerque, près de la Cépière à Toulouse. La suite, cet homme de 38 ans, installée en banlieue toulousaine, le raconte la colère aux lèvres malgré les semaines qui se sont écoulées.
Que vous est-il arrivé ? « J’étais arrêté au feu, tranquille. J’avais passé la journée au foot avec mon fils. Je n’étais pas assez méfiant. Un deux-roues est arrivé. Un jeune en scooter. Il s’est arrêté complètement à droite. J’ai trouvé ça curieux. En fait, il a détourné mon attention…
Et après ? Une moto a débarqué. Le passager m’a mis un pétard sous le nez. J’ai balancé la moto. Je me suis coincé la jambe et le genou contre une glissière de sécurité. Ils ont pris la moto et ils ont foncé. J’ai essayé de les suivre dans une voiture. Impossible. J’ai fini à l’hôpital après avoir déposé plainte.
Quel est votre sentiment aujourd’hui ? La colère, une immense colère. J’ai perdu une moto que je bichonnais et que je continue de payer à crédit en attendant l’assurance… Mais ça, à la limite, a peu d’importance.
Pourquoi ? J’ai la haine contre ces jeunes. J’ai la haine contre ceux qui sont capables de sortir une arme et même de tuer pour voler une moto. Je culpabilise aussi un peu. L’enquête aurait pu avancer plus vite. En tournant dans les cités, je l’ai vu une fois ma moto, mon frère aussi. Mais les policiers n’ont pas réussi à l’intercepter, ni à la retrouver. Si les voleurs avaient été interpellés, le petit jeune ne serait peut-être pas mort.
Rien n’indique qu’il s’agit des mêmes individus… Rien ne prouve le contraire non plus. Faut arrêter. Je suis d’origine algérienne mais quand je vais au Mirail, que je vois passer des gamins sur des quads à 10 000 €, je me pose des questions. Je m’en sors avec un genou en compote, des tranquillisants et au moins deux mois d’arrêt de travail. La famille du petit Fred, elle a perdu un fils. Cela me rend malade.
Via la Dépêche du Midi.
Crédit photo: photo constructeur de la Yamaha MT01.
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