Photo Eye in Astoria
On se souviendra de la sortie de Jeremy Clarkson de Top Gear et de son escapade en scooter, voici que son comparse James May s’y met lui aussi. Cette fois-ci, c’est la météo qui soulève l’ire de l’homme. Traduction ci-dessous et le fiel en V.O. par ici.
«D’où je suis, il me semble difficile de croire que la sécheresse afflige une bonne part du monde! Parce qu’il y a assez d’eau dans mes chaussettes pour faire pousser du riz pour 5000 personnes.
C’est à se demander si les agences chargées d’éliminer la sécheresse et la famine qui s’en suit n’ont pas oublié quelque chose. La prochaine fois qu’un fermier en Afrique criera famine à cause de problèmes d’irrigation, on aura qu’à me transporter sur place avec ma moto. «May est ici», crieront-ils des sanglots dans la voix. «Il lui suffira de tourner en rond quelques minutes avec sa moto et la pluie s’abattra sur nous comme une nuée de sauterelles».
C’est jours-ci, il me semble impossible de poser les fesses sur une moto sans risquer de me retrouver trempé jusqu’aux os. J’ai beau rouler hors du garage sous un soleil éblouissant et accablant, qu’à peine quelques kilomètres plus loin je me retrouve aussi trempé qu’Anita Ekberg dans la fontaine de Trevi. C’est pourquoi je me méfie de ceux qui annoncent leur moto d’occasion en affirmant qu’elle n’a jamais roulé sous la pluie. Comment cela peut-il être possible en Grande-Bretagne? Trouvez-moi quelqu’un capable de prétendre 10 ans de motos et des milliers de kilomètres sans s’être fait prendre de court par au moins une averse, et je vous sortirai un cochon en queue de pie ou le remplaçant de Tania Young (ou Jocelyne Blouin pour les québécois égarés par ici).
De mes cinq dernières motos, quatre furent utilisées sur le mouillé, et ce, sur le chemin entre le concessionnaire et la maison.
Ce qui m’amène deux réflexions. La première est que j’ai déjà aimé rouler sous la pluie, surtout juste après que les dernières gouttes soient tombées. Rouler sur le mouillé demande des habiletés particulières, de la douceur, de l’anticipation et une acuité singulière pour repérer les obstacles en tout genre que la route sème devant nous, et rendue encore plus traîtres par la pluie. Et puis, ça sent bon après la pluie, l’odeur de la terre qui remonte, nous faisant apprécier le moment, même si l’on est trempé. C’est au moins bénéfique pour la moto, la débarrassant de cette couche de poussière que l’on se promettait d’enlever depuis des jours. Et on ne rajeunit pas, ce qui fait de moi un motocycliste dédié aux seules belles journées. Rouler sous la pluie demande des vêtements adaptés à la situation, et comme il m’est pénible d’enfiler ne serait-ce qu’un jeans et un T-shirt, ça n’en vaut pas la peine.
À mon âge, les pauses pipi sont plus fréquentes, et il y en a toujours une qui s’invite dès que j’ai terminé d’enfiler l’armure, à moins que ce soit mes clefs que j’aie oubliées dans la poche la plus profondément enfouie sous les multiples épaisseurs.
Juste le terme, vêtements de pluie, ça marche pas. À l’impossible, nul n’est tenu, et mettre tout cet attirail demande des contorsions que mon corps ne peut plus se permettre. J’évite même de faire ça devant un miroir, c’est pire que de regarder ma femme faire la danse du ventre. Le temps que ça prend, je serais déjà rendu en auto. Il est presque impossible de bouger engoncé là-dedans, comme une tortue Ninja sur le retour, comment je devrais maintenant être capable de manipuler les leviers de hautes précisions de ma moto, je me le demande?
Et ce que je veux dire aussi est ceci : Qui ose encore parler de protection contre la pluie alors, qu’importe la diligence avec laquelle je me suis caparaçonné, l’eau trouve toujours le moyen de se faufiler? Au bout d’une heure, la cause est entendue, on est trempé, et le pire, c’est qu’on sent maintenant le chien mouillé.
La moto pour moi est un passe-temps, pas un mode de vie ni une affirmation de ma masculinité. Ceux qui se précipitent sur leur moto à la moindre goutte, s’imaginant impressionner les flâneurs devraient déménager dans un abribus défoncé.
Les choses sont à l’épreuve de l’eau ou ne le sont pas, mais plus on y pense, qui l’est vraiment?
Les montres sont étanches, mais pourquoi diable un mobile rend l’âme dès qu’il voit un nuage gris, même en dessin? Idem pour les caméras, les ordinateurs portables ou n’importe quoi fait en Italie avec un circuit imprimé. Il suffit d’en mettre un dans un sac dit «étanche» pour voir le problème se multiplier. Il y a de l’arnaque là dessous. La science de l’étanchéité en est encore à ses premiers pas, et s’imaginer qu’un motard peut rester au sec roulant à 100 à l’heure dans la bourrasque est ridicule.
Étonnamment, mes peurs semblent être corroborées par une fameuse autorité, l’armée australienne. Ils portent ce pardessus à capuchon qu’ils nomment le Secalos, mais son surnom est semble-t-il le toutrempe.»
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