Cette fois Nicky Hayden, ici sur sa future Honda de 2008, n’est pas dans la configuration de l’année dernière où après un final de feu, il avait dû rallier l’hôpital pour y être opéré de la clavicule et avait été tenu complètement à l’écart du développement de la nouvelle 800cc*. Il s’est même permis de finir premier de la dernière séance d’essai à Sepang, devant une flotte US, avec Colin Edwards second, passé chez Yamaha Tech 3, et John Hopkins, 3ème, autre transfuge, de Suz’ à Kawa.
Une bonne note donc pour terminer une saison qui l’aura vu, lui le champion en titre, finir piteusement classé à la huitième place du championnat pilote, tout juste devant la « Texas Tornado » Colin Edwards, et loin (près de 40 points) derrière Loris « Capirex » Capirossi.
Parmi les rares coup d’éclats d’une année terne, seule la pole à Estoril est vraiment venue rappeler la classe du pilote et enfin honorer le numéro 1 de son carénage, c’est bien maigre. « All in 69 » (« misez tout sur le 69 ») clamait-il sur son ancienne combarde, au bas du dos: le numéro 1 lui aura porté bien moins chance.
Un drôle de souvenir pour l’Américain que cette page portuguaise, puisqu’au même endroit l’année dernière il avait été victime du fameux strike de Dani Pedrosa en course, qui le poussa à la faute comme le boulet entraîne le condamné, invalidant ainsi la (ou plutôt l’absence de) stratégie du « ni-ni » du HRC, tiraillé entre le sponsoring de Repsol soutenant Dani, et un Honda plus proche de l’Américain**.
Le tout avec un mini-Pedrosa sur-motivé car influencé (quoique le mot bourrage de crâne soit plus approprié que le terme d’influence***) par un omniprésent Alberto Puig. C’est aussi lors de l’épreuve d’Estoril que la chaîne musicale MTV commença, contre l’avis de ses proches, le tournage d’un film sur le MotoGP (et centré sur Nicky) en 2006 et le clôtura en 2007, bouclant la boucle.
Elle avait d’ailleurs bien mal commencé cette année, avec ce crash au Mans et déjà une 11ème place au classement du championnat pilote. Donington et Assen n’étant que de trompeuses éclaircies, après avoir maudit (et débranché !) l’assistance électronique.
Il aura pourtant tout essayé le Nicky, demandant conseil à Freddie Spencer sur son attitude sur la RC212V une moto trop petite pour lui (et pour cause !).
La mort récente de Merlyn Plumlee, figure éminente du MotoGP, et longtemps son mentor, vient donc clore une annus horribilis****. Celui-ci joua un rôle essentiel dans l’apprentissage de Hayden, lorsqu’il passa des Dirtbike au Superbike, à une époque, où, de son propre aveu, il ne connaissait encore rien aux réglages à apporter à sa machine.
Le meilleur rookie de l’année 2003 a parcouru bien du chemin depuis, entre ombre et lumière, même si 90% du plateau échangerait volontiers les infortunes actuelles du Kentucky Kid contre un titre mondial, son titre mondial.
Aiguillonné par les perfs de ses jeunes frères Tommy et surtout Roger Lee, au guidon en AMA Superbike et la fantastique série de poles d’un coéquipier dont il dit qu’il lui rendra un jour le soutien dont il a bénéficié (enfin !) dans le showdown de la saison 2006, la saison 2008 commence pour ainsi dire, bien.
Il se retrouve dans une situation comparable à celle de l’intersaison 2005-2006 où lui furent confié quasi-exclusivement, les rênes du développement de la RCV. En espérant que la conclusion (et quelle conclusion !) soit la même, mais j’en doute.
*dans une récente interview en trois partie pour Superbikeplanet.com, l’Américain se refuse à commenter le développement en solo de la RCV 212 de peur de passer pour la pleureuse (« whiner ») de service, mais la saison 2007 s’est à mon avis bien jouée là pour lui.
**le titre acquis par Honda au championnat constructeur au GP précédent était venu conforter le HRC dans le maintien du statu quo à savoir l’absence de pilote leader alors qu’Hayden affichait une confortable (euphémisme) avance au championnat devant Pedrosa, absurde quand on sait qu’en face Edwards était le lieutenant de Rossi. En y repensant je me demande comment Hayden a réussi à être titré après ces bévues de management: il a d’ailleurs fallu que Vale parte à la faute tout seul à Valencia.
***le mot n’est pas de moi mais de Philippe Monneret dans un Motocritiques sur Eurosport, très sévère envers Pedrosa pour cette tentative de dépassement qui restera dans les annales.
****année horrible en latin.
crédit photo: MotoGP.com et roadracingworld.com
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