Arrêté à un feu rouge au guidon de la BMW F650GS, je remarque que le passager de la voiture à ma gauche jauge la petite GS comme si elle était une possible conquête dans un club enfumé, puis, se tournant vers le conducteur, lance un sonore «Nice». Eh! On est toujours heureux de plaire aux touristes, leur véhicule étant immatriculé dans l’état de New York, même avec de l’ingénierie allemande.
Et en effet, cette nouvelle F650GS est une belle réussite pour BMW. Se voulant la version citadine de la F800GS, dont elle partage bon nombre de ses composantes, comme le bicylindre en ligne de 798cm3, mais avec une quinzaine de chevaux en moins, cette 650 se retrouve avec un problème identitaire, puisqu’elle n’est pas vraiment une 650, ni même une GS, la F800GS assumant pleinement ce rôle.
Qui est-elle donc alors? Oublions son nom, plutôt destiné à assurer la pérennité de la lignée des anciennes monocylindres de 652cm3 dans les livres d’histoire à venir, et concentrons-nous plus simplement sur une machine facile à vivre et polyvalente.
Avec son profil de divinité égyptienne affligée d’un sérieux problème de strabisme, toujours ces fameux phares asymétriques que l’on aime détester, la F650GS se démarque donc de la concurrence (Suzuki DL-650 V-Strom, Kawasaki Versys) par une allure unique, une finition impeccable et un catalogue d’option complet, avec un prix un peu plus élevé certes, mais tout de même raisonnable pour une BMW.
La moto d’essai était équipée de l’ABS, des poignées chauffantes, de la selle basse (790mm), la selle standard faisant 820mm, mais le kit de surbaissement ramène le tout à 765mm, de la béquille centrale et des valises rigides. On pourrait encore y ajouter, protège-moteur et protège-mains pour qui voudrait absolument sortir des sentiers battus, un pare-brise haut et le silencieux Akrapovic.
En ville, la F650GS est suffisamment agile et vive pour se faufiler partout. Assis droit, donc la tête haute, on possède un bon champ de vision, et le guidon, bien positionné, permet de fléchir les coudes, juste ce qu’il faut pour éviter toute fatigue. Et c’est toujours en ville que la fourche et le combiné ressort-amortisseur central furent mis à mal, mais il passe le test des cahots, trous béants et autres périls des rues montréalaises avec les honneurs. Seul l’appendice nasal faisait entendre ses vibrations lors des pires secousses, mais sinon, rien à redire des composantes et leur assemblage. Le saute-vent minimaliste n’a de fonction qu’esthétique, mais on peut imaginer que le pare-brise haut, en option, serait de nature à mieux garder les turbulences en périphérie.
Après une journée à tourner en rond en ville et à se faire les embouteillages, bouchons que la F650GS gère avec grâce et bonne volonté, suffit de ne pas trop descendre sous les 2500 tours/minute et on avance en douceur, même au petit trop, il était temps de prendre la clé des champs (au figuré), et les petites routes désertes avec comme seule compagnie les vaches dans le pré.
Et c’est dans cet environnement que cette petite BMW prend tout son sens. Évidemment, il faut aimer musarder, prendre son temps, revenir sur ses pas, s’arrêter, repartir, sans agenda ni concours de vitesse.
Il y a bien quelques petits irritants qui finissent par se montrer le bout du nez, comme le confort de la selle qui se laisse désiré après un certain temps, et une paresse de la boîte (à six rapports) pour rétrograder, nous laissant parfois dans un vide séquentiel plutôt oppressant (mais comme la moto d’essai n’avait pas 100km au compteur au moment d’en prendre possession), ceci explique peut-être cela.
Le photographe en moi a sans doute mieux apprécié la F650GS que le motard, d’ailleurs, la plus spacieuse des valises, celle à main droite, l’autre étant amputé pour laisser un peu de place au silencieux, logea aisément mon sac photo sans avoir besoin de l’espace modulable supplémentaire, mais d’avoir suffisamment de puissance et de souplesse pour affronter avec aplomb les longues distances d’autoroutes comme les chemins de graviers, et même les petits sentiers de terre battue (on laissera le parcours d’enduro aux autres machines de la famille GS), c’est pas rien.
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