En route vers l’usine IMGB de Bucarest qui héberge le moto-club le plus puissant de Roumanie. Les rues sont défoncées et nous zigzaguons entre les trous. Dans la Dacia, nous sommes sept : le nouveau président de la fédération moto roumaine, Mihai Mezincescu, surnommé » Papa « , l’entraîneur du MC IMGB, quatre pilotes et moi-même. Soudain, nous croisons un étonnant attelage : un side tractant une remorque sur laquelle est juchée une 500 Jawa de dirt track. Comme je m’étonne, on me dit que c’est normal puisque la piste est toute proche, sans comprendre que ce qui m’avait surpris était plutôt l’étrangeté de l’équipage !
Chemin faisant, » Papa » me résume l’état du motocyclisme roumain en ce début d’année 1990 : Seuls les 40 clubs qui ont été » protégés » par des usines ou par l’armée ont pu survivre autour de trois activités principales :
.Le » dirt track « d’abord, très populaire et sans doute le mieux loti. Cinquante pilotes au total, répartis dans tout le pays courent sur les Jawa tchèques (mono 4-T, 4 soupapes) mais ils étaient régulièrement éliminés lors des qualifs des championnats inter, pour des raisons techniques ou d’équipement de sécurité insuffisant. En 1989 par exemple, faute de sonomètre, les machines étaient trop bruyantes : éliminés ! J’ai vu un gars qui s’entraînait sur la piste avec des bottes en caoutchouc et un casque de mineur …en carton ! » Nous sommes des cascadeurs tombés de la lune ! » commente » papa » toujours philosophe.
.Le cross : cent cinquante pilotes répartis en 4 catégories, 50 et 80 pour les moins de 16 ans et 125, 250, 500 pour les grands. Les machines sont propulsées par des moteurs tchèques 2-T CZ autour desquels ils se débrouillent pour que ça ressemble à une moto. Fourches MZ, allumages récupérés dans des casses de voitures, un pneu Barum pour faire toute une saison, et surtout une immense passion.
.La vitesse : 200 pilotes licenciés en 50, 125 et 250 . « Papa » depuis trente en qu’il court a été champion national dans toutes les catégories. Là encore les machines étaient motorisées par les incontournables CZ . On retrouve les même » bidouilles » que dans les autres spécialités. Les 50 sont à vitesse et quand je me hasarde à dire qu’à l’ouest on a des embrayages centrifuges, je déclenche une franche rigolade qui va nous conduire a faire un pari qui aura de belles conséquences. Faute de casques homologués FIM, ils ne pouvaient plus se présenter à des compétitions inter, même chez eux. Ce fut par exemple le cas à Timisoara en 1989, où ils organisaient la » Coupe inter de l’Amitié » … En raison de la fermeture des circuits, les couses se déroulaient en ville. Aujourd’hui, elles ont été déplacées sur les tarmacs des aérodromes !
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