En entendant au téléphone un motard français, le nouveau président de la » Federatia Romana de Motocyclism « est enthousiaste. Il me fixe un rendez-vous trois heures plus tard. Cette Fédération occupait un minuscule bureau dans l’immeuble du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Six personnes m’attendaient dont l’une, prévenue par téléphone avait sauté dans un train et parcouru 100 km pour être présent.
Le décor est spartiate, quelques vieilles photos jaunies, un téléphone en bakélite et le fameux drapeau roumain bleu-jaune-rouge, amputé en son centre du symbole de l’ancien régime. Depuis 20 ans ils n’ont pas pu quitter le territoire roumain mais Mihail, le président de la fédération se souvient encore avec émotion de son dernier voyage à l’étranger. C’était en France à l’occasion du Grand Prix de Pau ! Ils sont si excités par ma venue qu’ils parlent tous en même temps. Ils veulent tout raconter, tout de suite ; comme au sortir d’un cauchemar, pour ne pas l’oublier. » Ceaucescu détestait le motocyclisme, sa femme Elena encore plus » Selon eux, et donc pour le parti unique, c’était un sport de voyous (houligans), bruyant, individualiste et consommateur d’énergie. Ils ont fait fermer les circuits et emprisonner des responsables. Et de citer un incident typique : la dernière concentration inter qui avait pu se rassembler réunissait quelques motards occidentaux; allemands et autrichiens notamment. C’était en 1975 sur le littoral de la Mer Noire. Manque de chance, le couple maudit passait son week-end dans le coin. Dérangés par le bruit, ils voulurent faire arrêter tout le monde mais quand on leur expliqua que cela risquait de poser un problème diplomatique avec les ambassades occidentales, il se résolurent a « ne » faire embastiller « que » le président de la fédé de l’époque …un vieux colonel en retraite !
Ils m’ont raconté comment des usines les ont cependant abrités, en citant avec insistance « IMGB » (prononcer iméguébé) qui se trouvait à Bucarest. C’était une importante entreprise de mécanique sous-traitante d’Alsthom et aujourd’hui disparue. Grâce à son appui les meilleurs pilotes de la ville étaient parvenu a fabriquer leur propres motos. La preuve ? sous le bureau du secrétaire général se trouve dans un carton un moteur 250 liquide conçu par l’entraîneur du moto-club de l’usine sur la base d’un 250 CZ (un lien a ne pas manquer !). Son cylindre va bientôt vivre une belle histoire. Mais en attendant, la joyeuse bande m’entraîne à bord d’une Dacia sur-gonflée vers l’usine IMGB qu’ils me proposent de visiter (à suivre)
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