Auteur/autrice : christian tirat

  • L’alcool au guidon

    Carton_250cb_1

    Après le long sujet en cours sur la Roumanie et les posts à venir sur les plans dépannage type atelier de brousse, j’envisageai d’aborder certains points liés à la protection et à la sécurité des motards.
    Elisabeth, me tends la perche pour aborder déjà un point fondamental :

    L’alcool au guidon .

    OK, ça craint, faut pas.
    J’en ai déjà parlé au sujet des concentres qui sont à mes yeux des " boucheries " en raison surtout des beuveries liées à ces manifestations et de ce qui s’en suit :
    Grandes gueules, défis et cartons en série.
    Je n’aime pas les démarreurs électriques, ce magique petit bouton qui te sort de la panade quand tu t’es vautré au fond du gué que tous tes potes ont passé en rigolant.
    Bon pour ça c’est bien mais pour moi, LA MOTO CA SE MERITE et si tu n’est pas capable de la piloter, parce que, par exemple tu as trop bu, tu n’es pas non plus capable de la démarrer.
    Avec un kick, c’est clair : si t’es dans les choux, ta meule refusera de craquer et tu dormiras sur place.
    Avec le petit bouton, elle t’obéit et tu dors au cimetière…

    Une illustration a méditer ci-dessus…

  • L’atelier de brousse 3

    Mobra

    L’Ivéco m’attendait devant le Conseil Général à Foix, chargé de 60 m3 de tétines, Pampers et lait en poudre. Nous devions d’abord rejoindre 35 bahuts regroupés à Lyon puis traverser toute l’Europe en convoi. Un méga cirque Barnum…

    Elle nous accueillit en foule, grise, timide, voire timorée, mais aussi enthousiaste. Des gamins nous bloquaient sur la route pour écrire simplement avec leurs doigts crasseux, sur la poussière qui couvrait les camions : " Vive la France ! " certains chantaient la Marseillaise.

    Profitant du bla-bla politico-médiatique organisé à Lyon, j’ai téléphoné à la FFM pour avoir les coordonnées de la fédération moto roumaine (FRM). Idée saugrenue ! la secrétaire, du bout des lèvres me lâcha, sous toutes réserves, un nr de téléphone dont elle me précisa qu’elle n’était pas certaine qu’il exista encore, comme elle doutait aussi que cette fédération moto ait survécu au régime Ceaucescu : plus aucune nouvelles depuis 4 ans ! On verra bien …

    Des 4X4 rutilants du Comité International de la Croix Rouge (CICR) exclusivement occupés par des citoyens helvétiques étaient censés nous encadrer pour nous ouvrir une route qu’ils connaissaient moins bien que la majorité des chauffeurs.
    Résultat : maxi galère, et 10 jours pour faire 3000 km que je parcourais plus tard en une quarantaine d’heures.

    C’est à cette occasion que j’ai compris qu’un convoi excédant 3 véhicules perd environ 10 minutes par véhicule supplémentaire (panne, arrêt pipi, gueule de bois, écarts d’humeur etc) De plus, comme les copains des camions avaient tous des CB et ne se gênaient pas pour s’en servir (quoi de plus normal, c’était une première en Europe de l’Est ! )
    les flics Yougoslaves, paranos, l’avaient très mal pris et nous ont encadré avec des fourgons hérissés d’antennes qui ne dépassaient pas les 30 km heure. On a pu admirer le paysage !

    Jacques, le chauffeur de l’Ivéco ariégeois, était un habitué de la ligne Toulouse-Istamboul. Quand nous sommes passés au nord de Sarajevo, il a dit d’un ton angoissé et accusateur:
    " dans cette ville, il y à des armes partout ; PARTOUT ! ! ! et ils se haïssent ! ! !
    Ca va péter bientôt et personne ne fait rien "
    Malheureusement, il ne se trompait pas ; plus fort que les diplomates ce mec là!

    Ultime étape en Bulgarie où une bagarre générale fut évitée de justesse entre les chauffeurs et des mafieux locaux pour une sombre histoire de regard mal placé. Les bulgares sont durs et nous étions tous à crans. Vivement la Roumanie !

    Arrive_en_ro1

    Ils parlaient français et nous ne le savions pas .
    Nous avons tous pleuré.
    Voyez les visages des gens sur la photo, ce mélange de dignité et d’appel à l’aide…

    BUCAREST ! La suite de la bourlingue, c’est pour demain.

    En attendant, et pour vous donner l’eau à la bouche, voici la photo d’une bécane made in Romania:
    un 50 Mobra fabriqué dans une usine d’armement, comme les machins de St Etienne, à l’époque.
    Ca donne envie !

  • Ariel1

    La première moto vue en Roumanie. peut être une Ariel mais je n’en suis pas certain.
    Au passage, vous remarquerez que les casques sont "comme-çi-comme-ça" mais il y à pire:
    le pilote n’a pas de lunettes, or à moto il y à 100 fois plus de risques de prendre un insecte potentiellement mortel dans un oeil que de tomber tête en avant sur un obstacle.
    Je crois qu’il est aussi important de porter des lunettes qu’un casque, voire plus important encore.
    c’est un sujet de débat …….

  • L’atelier de brousse 2

    Hva1Ou comment sortir des neiges ariégeoises pour rejoindre celles des Carpates.

    Donc, le président régional de la Croix Rouge, et non pas le président local comme je l’ai dit précédemment (faut pas vexer les notables !) me mobilisa pour partir en Roumanie.
    Demeurait cependant un léger problème : je me trouvais dans mon nid d’aigle ariégeois, à 1200 mètre d’altitude et environ 60cm de neige sur le chemin. Vous avez compris que nul chasse-neige n’y passe jamais, mais il fallait sortir de là pour arriver à temps au rendez-vous fixé à Foix. Je devais embarquer à 17 heures dans le camion rempli des dons venus de l’Ariège. Plus tard c’était trop tard.

    L’atelier de brousse : Séquence débrouille 1

    Quand on a 3 bornes a tracer au plus vite sur un sentier recouvert de beaucoup de neige fraîche, et qu’on a le choix entre un 510 HVA et une 250 TY, que choisit-on ?

    Trial

    La TY bien entendu !

    Sauf qu’après il restait 60 bornes de montagne à se taper, par le col de Port (pour ceux qui connaissent).
    J’ai d’abord opté pour la trial, améliorée…
    Vous connaissez la technique ?
    De la corde enroulée autour des roues. C’est un peu long à mettre en place et il faut le faire pneus dégonflés à 200 grammes environ. Quand la corde est en place on regonfle pour bloquer l’ensemble.
    Là est tout le secret et ça marche très bien (voir photo jointe)
    Avec ça, j’ai fait la trace, aller-retour, genre piste de bob, puis après avoir tombé la pression des pneus du 510 à 400 grammes je suis sorti du piège avec la bécane d’enduro et suis arrivé juste à temps au rendez-vous fuxéin…mort de froid.

    A bientôt pour la suite

    Hva2

  • L’atelier de brousse

    04_33Bonjour à tous !

    J’inaugure ce soir une série d’articles fondés sur une expérience de quelque 35 années de moto pratiquée sur trois continents. Mais je dois tout d’abord me présenter.
    Né en Tunisie, j’ai été élevé par mon grand-père et mon oncle qui furent les pionniers de la traversée du Sahara en side-car tendis que ma grand-mère fut la première passagère de Mermoz sur la ligne de l’Aéropostale Toulouse-Casablanca. J’ai donc de qui tenir…et on ne pu me tenir !

    D’une jeunesse mouvementée, je retiens par exemple en 1974 la concentration des Pyrénées Andorranes des " Oursons ", sous une tempête de neige au guidon d’un 50 Honda si léger que je fus le premier à passer le col d’Envalira. Tous en vrac les grands costauds !
    L’expérience me fit découvrir le subtil plaisir de " faire la trace " .

    Cette jeunesse s’acheva au Cambodge avec l’arrivée des Khmers Rouges.
    J’ai passé mon permis là-bas sur le 500CB prêté par un copain et sous un déluge de roquettes.
    Autant dire que l’épreuve de conduite consista simplement …à effectuer un demi-tour !

    De retour en France, avec déjà pas mal de bornes dans les fesses, sur les pistes aussi improbables que les 125 Honda du Cambodge, le démon du tout-terrain me dévorait autant que celui de la liberté et du voyage. Et quel outil plus magnifique que la moto verte pour assouvir cette passion ? Y’à pas !

    Nous voici déjà à l’époque des mythiques 500 XT, des premiers Paris-Dakar, les vrais, ceux de Thierry Sabine. Un rêve que je n’ai jamais pu réaliser car il fallait bien gagner sa vie de reporter photographe de guerre : La Rhodésie – devenue le Zimbabwe – en Afrique Australe, la guerre civile au Liban, la chute du Shah d’Iran avec un Paris Téhéran et retour plus qu’épique, un voyage en Russie soviétique qui me valut deux mois de prison dans les geôles du KGB etc. etc.

    Passons sur ce passé d’ancien combattu, nous y reviendrons peut-être plus tard.

    De la 500 XT, je passais à la première Ténéré vendue à Toulouse. Quel succès ! pas pour moi, pour la moto !
    Fatigué mais fou de nature, je découvris au début des années 80 un paradis sauvage niché au fin-fond des Pyrénées Ariégeoise. Un hameau abandonné, en ruine ; une heure de marche à pied, à la machette. A peine le sentier fut-il débroussaillé que je faisais l’acquisition d’une moto de trial made in France: une 250 JCM. Grâce à elle j’ai pu acheminer le ciment, les outils, enfin tout le nécessaire pour rénover une grange qui devint 10 ans durant mon nid d’aigle. La JCM fit des petits, plutôt grands : un 510 HVA pour moi et une 400 HVA pour ma copine. Ca devenait sérieux ! mais la JCM ne supporta pas ces naissances douloureuses et rendit l’âme, aussitôt remplacée par une 250 TY : une pure merveille de lourdeur et de robustesse !
    Le moto-club du coin, dans le bourg de Massat organisait chaque année une petite concentre pour les jeunes du coin : glou-glou toute la nuit puis grosse bourre sur les routes de montagne et fin du voyage à l’hosto de Saint Girons (pas moi, les plus jeunes) J’ai engueulé le président club et lui ai proposé de remplacer cette boucherie par une rando TT. La randonnée des Orpailleurs venait de naître et a fêté ce printemps sa vingtième édition.
    Au début les " néos " qui élèvent des chèvres et font un excellent fromage voyaient la moto d’un très mauvais œuil; 10 ans plus tard tous mes voisins hippies roulaient à trial !
    Avec un pote de l’ONF, trialiste lui-même nous avons démontré, photos à l’appuis que le passage pas trop fréquent de motos n’avait aucun impact sur la faune, notamment les grands tétras (coqs de bruyère) tendis que les randonneurs à pied dérangent considérablement les animaux sauvages pour lesquels l’homme à le pire des prédateurs. Ce n’est pas le cas de la moto qu’il n’associent pas à l’humain. Je ne dis pas que cela ne les dérange pas mais une poule au nid ne fuira pas au passage relativement rapide d’une moto tendis qu’elle abandonnera définitivement sa nichée si un piéton approche son nid de trop près. J’en ai la preuve. Pigé les écolos de bureau ? C’est un sujet de débat que je vous propose d’aborder ultérieurement.

    Noël 1989, après la chute du mur de Berlin, vint celle de Ceaucescu, le tyran roumain :
    Un appel du président local de la Croix-Rouge " nous avons besoin d’un photographe pour couvrir le premier convoi humanitaire que nous acheminons sur place, êtes-vous libre ? "
    Bien sûr que que je l’étais ! …et ma vie de motard bascula …

    On continue demain avec beaucoup plus sérieux et contemporain. En selle pour l’aventure !

    Photo: mon deuxième 510 HVA, acheté à Laurent Pidoux lui-même et entretenue par l’orfèvre maître Ginesta de Blagnac. Selon tous deux ce serait le 510 qui aurait parcouru le plus de bornes (environ 50.000 !) et sans pépins majeurs si l’on excepte un embiellage complet.