
La firme de Noale, un des fleurons du groupe Piaggio, ne concourra pas dans le championnat Moto2 en 2010, ni ne fournira de machine aux teams privés. La nouvelle discipline, qui remplace les 250cc, où les compétiteurs utiliseront des moteurs cubant du 600 fournis par Honda, et des gommes Dunlop, laisserait ainsi sur le bas-côté des pilotes comme Mike DiMeglio et Gabor Talmacsi. Même s'il manie la langue de bois, le communiqué ne laisse que peu de place à l'interprétation et encore moins au doute. Mais surtout, usant de la périphrase et de l'allusion, il égratigne le premier fabriquant mondial de deux-roues, et plus encore la politique de réduction des coûts voulue par les instances de ce sport. Attention, traduction "maison" du communiqué paru sur le site anglais Autosport:
"Le championnat Moto2 ne présente pas, dans l'optique du groupe, les caractéristiques sportives et technologiques qui rendent la participation d'Aprilia stratégique pour ce type de compétition. Par conséquent, le groupe pense qu'il est inutile et dommageable pour l'image d'un grand constructeur italien et européen – qui a gagné 43 titres* de champion du monde sur piste et en dehors – de participer à des compétitions vigoureusement centrée sur la technologie moteur d'un constructeur concurrent."
Ainsi apparaît en filigrane une critique de l'omnipotence de la firme au blason ailé, et des cost killers adeptes de la formule monotype. Aspar Martinez et les autres ne pourront espérer de châssis Aprilia pour enrober leurs moteurs. Il est vrai que sur le papier, imaginer un moulbif japonais porté par une marque italienne, par ailleurs elle aussi motoriste, semblait incongru. Plus généralement – et plus cyniquement - ce mauvais départ du Moto2 pourrait rassurer ceux qui craignaient une concurrence frontale avec la catégorie Supersport.
*grâce notamment à Jorge Lorenzo, sur cette photo.