
Partant du constat (ou de la théorie ?) selon lequel le moteur à explosion est la source de tous nos maux modernes, Henrik Björkman de Yankodesign a dessiné ce "scooter" (oui, oui) particulier. L’idée de départ est, selon moi, à mi-chemin entre l’étude conceptuelle raisonnée et le foutage de gueule. Dans les faits, c’est un croisement numérique entre un jerrican à roues et la fameuse assiette Tupperware compagne de vos pique-niques. A sa décharge, le Thunderbolt est un véhicule propre, et nos confrères de l’autobloggreen sont sur le coup, évidemment.
Pourquoi avoir usé du qualificatif (un peu) péremptoire de "foutage de gueule" dans l’introduction ? Il ne s’agit pas de moquer les bonnes intentions mises en avant. Car ce véhicule veut être, par son architecture unique, un pied de nez à tous les autres deux-roues: la présence de ce trou dans le châssis (je vois plutôt ça comme une plaie béante), à la place habituellement dévolue au traditionnel moteur, marque le désir de s’affranchir de la motorisation traditionnelle. Un trou que le designer nomme pompeusement l’anti-engine. Mais euh, dans un scoot’ le moteur n’est pas là Henrik… Passons.
Le véritable moteur (électrique) du Thunderbolt, se trouve en fait dissimulé dans la roue arrière, et il affiche présomptueusement* 70 kilomètres d’autonomie pour trois heures de charge. Ce scoot’ possède aussi un de ces affichages LCD ou OLED intégré au guidon, et qui se révèlerait probablement illisible à l’usage (imaginez vous un instant lire les rares et minuscules infos dans la traditionnelle position "assis-debout" des scooters).
Non en fait, malgré la louable fibre écologique de son auteur, le seul reproche que je lui fais est sa totale inculture en deux-roues, et même en mécanique. Ce que laissait présager la dénomination fumeuse utilisée** et le manque d’ergonomie dans les commodos (à propos, ‘sont où les cliquos ?) et les instruments, saute maintenant aux yeux dans la représentation de sa partie cycle.
Cette dernière ressemble plus à de la ferronerie comme on en trouve sur les grilles des maisons pavillonaires, qu’à une fourche ou à un bras oscillant classique. Tu m’étonnes ami motard, il n’y a aucune suspension… Les 70 Km d’autonomie revendiqués du Thunderbolt, tu comptes nous les faire parcourir sur un tapis de mousse et de lichens, ami designer ?
*rappelons que l’on se trouve là face à une simple étude de style, une modélisation numérique qui n’a même pas vocation à être fabriquée. L’auteur aurait très bien pu indiquer 100 Km pour 5 heures de charge, pas un mag de test moto ne pourrait broncher. A fortiori car tout est invérifiable.
**vous connaissez beaucoup de scooter en cadre fermé, et avec une telle garde au sol ? Et justement s’il n’y a plus de moteur pourquoi vouloir rigidifier encore plus le cadre ? A contrario, n’importe quel Piaggio avec un cadre remanié peut revendiquer l’appellation d’anti-engine, puisque vous aurez un espace entre les jambes. Mais on va où là dans l’incohérence ? Dans les études de design et les concept bikes, on avait déjà pointé du doigt sur Le Blog Moto certains tics, cependant la moto restait viable, mais là c’est le pompon.


