Lors de mon trajet journalier pour me rendre au travail, à mi-chemin de la distance, je me retrouve devant un choix difficile à faire, deux routes possible, chacune avec son lot d’embouteillages, mais au débit variable et à la merci d’une myriade de facteurs échappant au pauvre quidam que je suis, les yeux encore bouffis par le manque de sommeil.
Mais il faut choisir, rapidement, devant interpréter le moindre signe porteur de signifiants émanant des véhicules devant moi. Ce choix que je dois faire tous les matins tient de la loterie, puisqu’il se fait à l’aveugle. Ce n’est qu’une fois au milieu de la mêlée que je sais si je serai en avance ou en retard au boulot.
Ce type de décision, demandant une foi aveugle en ses capacités et celles des autres usagés autour de nous, les pilotes de l’armée de l’air le nomme la conscience de son environnement, ou en anglais «situational awarness». C’est prévoir l’imprévisible et s’attendre à l’inattendu, pour ne pas se retrouver, par exemple pour un motard, passager avec sa moto du véhicule qui nous a coupé la route.
C’est aussi, ne pas se croire immortel et ne pas présumer de ses habiletés et de celles des autres, ce que les pauvres bougres dans les images et la vidéo ci-dessous ont négligé.
Le meilleur atout du pilote de chasse, comme du motard qui se doit de considérer tous les autres véhicules autour de lui comme des ennemis, est une bonne vision périphérique. C’est le pouvoir du savoir, car comme disent encore les pilotes, «perdre de vue l’ennemi, c’est perdre la bataille».
Ce fameux périmètre de tous les dangers (kill zone), c'est-à-dire ce que notre champ de vision embrase, demande une surveillance constante. Il est donc important d’avoir des réflexes de vision, et non seulement scruter l’horizon, mais balayer à proximité et répéter constamment ce jeu d’aller et retour entre regarder loin, près, à gauche, à droite et derrière, et recommencer encore et encore.
Deux véhicules roulants l’un vers l’autre à 100 km/h et séparés par la longueur d’un terrain de foot vont se croiser en moins de deux secondes, ça ne laisse pas beaucoup de temps à la réflexion, surtout s’il faut réagir après… en mois de deux secondes.