Disons le de suite il ne s'agit nullement d'aborder les Grand Prix moto de vitesse depuis 1949 et leurs cylindrées 80, 125, 250, 350, voire 500. Ici, c'est du GP au sens strict, avec une revue des troupes et de leurs montures depuis le passage au quatre temps, la création des premiers vrais protos motos. Une évolution d'une espèce* donc, qui prend comme point de départ le moment où la 500 est devenue MotoGP en 2002. Sont interrogés des pilotes, ingés et chefs mécaniciens, qui donnent leur avis sur les 990 et 800cc, cette dernière catégorie étant qualifiée par le pitch de la jaquette comme le "state of the art" des machines. Menfin, comme dirait Gaston qui s'y connaît en invention motarde, les aides au pilotage ont complètement lissé les différences entre compétiteurs…
…rendant la catégorie plus accessible aux pilotes de 250, et a fait dire aux jeunes retraités de la discipline reine comme Vermeulen qu'il n'y a plus qu'une seule trajectoire d'exploitable, alors que les 990cc laissait les pilotes s'exprimer en courbes. L'ultime injure est faite par Vale qui peste à longueur d'interview contre l'électronique. Le prix à payer pour que les divers championnats FIM ne viennent manger dans la gamelle de l'autre ?
*Ce DVD d'1h41 mn sortira le 16 décembre, en langue anglaise au prix de 22,5 $, en précommande chez Amazon.com pour l'instant.
Easy Rider, le film, a eu 40 ans cette année. Sorti en 1969 alors que le mouvement hippie atteignait des sommets, la ballade de Wyatt (Peter Fonda) et Billy (Denis Hopper), plutôt qu’une apologie d’une culture devenue immensément populaire, sera en fait la démonstration de la faillite d’un rêve dont la course fut interrompue par la rencontre brutale avec une Amérique réticente au changement.
Il y aurait donc beaucoup à dire sur ce film (et beaucoup a été dit comme cette excellente monographie du Britannique Lee Hill), comme sur le contexte politique et social de l’époque (Nixon, Apollo 11, le Vietnam), l’utilisation de la chanson populaire, la cinématographie du Hongrois Laszlo Kovacs, la présence de Jack Nicholson dans une version naïve du personnage, beaucoup plus inquiétant, qu’il deviendra par la suite, et l’influence marquante et immédiate sur le cinéma mondial (sans Easy Rider, Antonioni aurait-il fait le même Zabriskie Point avec son clone de Peter Fonda, ni le même Profession reporter, cette fois-ci avec le vrai Jack Nicholson?). À l’époque, le film de motos était un sous-genre très populaire, Laszlo Kovacs et Jack Nicholson venaient de faire ensemble une série B, « Hells Angels on Wheels » avant de se retrouver sur Easy Rider, et Marlon Brando dans « The Wild One » toujours dans la conscience collective même 15 ans plus tard. Voulant faire un western moderne, le choix de la moto pour remplacer le cheval allait de soi. La communauté noire, pas très présente dans les westerns, s’était rapidement et passionnément éprise d’une passion pour la moto, et au milieu des années 60, elle se l’était approprié et la modifiait à son image. Le style chopper, selon certains historiens et commentateurs, lui serait redevable en grande partie, mais quoi qu’il en soit, c’est un noir, Ben Hardy, qui mettra au monde une des motos les plus célèbres qui soient. Benny Hardy était réputé à l’époque pour ses modifications audacieuses et le soin qu’il apportait à son travail. Ainsi, lorsque la commande pour 2 choppers au style radical, mais au budget serré lui fut donnée, il se tourna vers le classique de l’époque, le Harley-Davidson HydraGlide. Il acquit à l’encan 4 machines du début des années 50 ayant servi dans la police pour 500 dollars. Billy, le chopper de Dennis Hopper, est moins radical que Captain America, mais certains détails comme le guidon droit (drag bar) font mouche et imposent le sérieux et la qualité du travail du constructeur.
Billy et Captain America furent construits chacun en deux exemplaires, pour ne pas ralentir la production en cas de bris mécanique. Un des deux Captain America est détruit dans la dernière séquence du film, et les trois autres furent volés dans l’entrepôt où ils étaient remisés à la fin du tournage. Démantelés pour être revendu à la pièce, ce n’est qu’après un travail de moine par Dan Haggerty qu’un Captain America put être restauré et exposé pour l’icône qu’il était devenu. Easy Rider fut un classique instantanément, et même si des hippies sur des choppers ne sont plus très actuels, le film réussit à conserver intacte toute sa pertinence, l’âge n’y fera rien, ses 40 ans le prouve.
Si vous venez d'acquérir un deux-roues vous l'avez peut-être constaté ce n'est pas le bon moment pour pêcher les certificats d'immatriculation en préfectures. Pannes et dysfonctionnement informatiques à l'origine de retards… sources de files d'attente, s'accumulent; et ce, depuis le 15 octobre, date d'application du SIV pour les véhicules d'occasion, après l'entrée en vigueur de ce système pour les véhicules neufs le 15 avril. Conséquence: certaines préfectures décident de donner la priorité aux demandes d'immatriculations envoyées par courrier, un moyen d'éviter aux nouveaux propriétaires de venir engorger un peu plus les guichets. Sous le titre "Carte grise: ça patine dans toute la France", le blog du Monde "Le veilleur de jour" se fait fort de récapituler les mésaventures de l'application du SIV, et ce dans la plupart des régions, renvoyant le cas échéant aux articles de la presse locale qui y sont consacrés.
Selon une dépêche AFP, le Ministère de l'intérieur fait entendre son son de cloche dans le tintamarre (en espérant le faire cesser), et conseille de remplir les formalités d'immatriculation dans les garages et concession habilitées, ou, encore une fois, par voie postale.
Avec ses quartiers parfois distants de 100 kilomètres les uns des autres, ses presque 19 millions d'habitants, elle est avec New York, Tokyo, Shanghai et Mexico l'une des méga(lo)poles par excellence. Une ville qui dans ces photos, est débarrassée de toute présence humaine, et donc dépouillée des moyens de déplacement de l'habituel commuter. C'est une Cité des Anges vierge de tout smog (remplacé par de la brume ici ?), de tout véhicule, même de la California Highway Patrol, qu'a réussi à montrer Matt Logue dans ses livres en vente sur son site. Restent des échangeurs, freeways et mainstreets vides. Des rues qui feraient mourir d'envie tout motard voulant se taper un chrono. Visage de rêve seulement, car L.A pour les pilotes Angelenos c'est plutôt ça (première vidéo). Les cinéphiles quant à eux auront fait le parallèle avec le Time Square désert de "Vanilla Sky" et le Manhattan sans âme qui vive de "Je suis une Légende". Des situations qui contrastent avec le Michael Douglas de "Chute Libre" qui voit sa vie basculer après avoir pété les plombs dans les bouchons de la ville californienne.
Selon le site L'Usine Nouvelle qui lui consacre un article, le Segway est déjà à l'oeuvre dans la police municipale de Nice qui utilise six de ces gyropodes, les "transporteurs individuels électrique gyro-stabilisés" (sic). Mais le salon Milipol, consacré à la sécurité intérieure, qui a fermé ses portes il y a une semaine, en présentait un modèle beaucoup plus abouti que ceux qui équipent les Azuréens ou les Chinois. Pour les fonctions de maintien de l'ordre, le Segway Patroller est équipé d’une large sacoche de guidon, d’éclairage avant et arrière avec gyrophare, d’un amortisseur avant et d’un système antivol avec trois niveaux de protection (vidéo du fabricant dans la suite). Son autonomie est de 40 kilomètres, sa vitesse de pointe de 20 km/h a l'air intéressante… sur le papier.
Car en se renseignant sur les vitesses moyennes des différentes allures pour l'être humain chez Wikipedia (jogging 10 km/h, sprint à 30 km/h), on pourrait le trouver un peu en retrait. A moins d'envisager une patrouille sans interpellation (un patrouilleur qui flâne ?).
Reste le supplément de 25 cm sous talons qui peut modifier les rapports avec les administrés. Parce que même s'il revient à seulement 30 € d'électricité par an selon le constructeur, son coût de 7600 € à l'achat peut sembler rédhibitoire, voire prohibitif. A ce prix là, leurs concurrents directs, agents en vélos ou en rollers, ont certainement de beaux jours devant eux.
*Corps de gens à cheval qui veille à la sûreté publique (Littré).
La firme de Noale, un des fleurons du groupe Piaggio, ne concourra pas dans le championnat Moto2 en 2010, ni ne fournira de machine aux teams privés. La nouvelle discipline, qui remplace les 250cc, où les compétiteurs utiliseront des moteurs cubant du 600 fournis par Honda, et des gommes Dunlop, laisserait ainsi sur le bas-côté des pilotes comme Mike DiMeglio et Gabor Talmacsi. Même s'il manie la langue de bois, le communiqué ne laisse que peu de place à l'interprétation et encore moins au doute. Mais surtout, usant de la périphrase et de l'allusion, il égratigne le premier fabriquant mondial de deux-roues, et plus encore la politique de réduction des coûts voulue par les instances de ce sport. Attention, traduction "maison" du communiqué paru sur le site anglais Autosport:
"Le championnat Moto2 ne présente pas, dans l'optique du groupe, les caractéristiques sportives et technologiques qui rendent la participation d'Aprilia stratégique pour ce type de compétition. Par conséquent, le groupe pense qu'il est inutile et dommageable pour l'image d'un grand constructeur italien et européen – qui a gagné 43 titres* de champion du monde sur piste et en dehors – de participer à des compétitions vigoureusement centrée sur la technologie moteur d'un constructeur concurrent."
Ainsi apparaît en filigrane une critique de l'omnipotence de la firme au blason ailé, et des cost killers adeptes de la formule monotype. Aspar Martinez et les autres ne pourront espérer de châssis Aprilia pour enrober leurs moteurs. Il est vrai que sur le papier, imaginer un moulbif japonais porté par une marque italienne, par ailleurs elle aussi motoriste, semblait incongru. Plus généralement – et plus cyniquement - ce mauvais départ du Moto2 pourrait rassurer ceux qui craignaient une concurrence frontale avec la catégorie Supersport.
*grâce notamment à Jorge Lorenzo, sur cette photo.
Les acheteurs de voitures électriques bénéficient d'un bonus de 5000 € depuis le début de l'année 2008, et l'on pouvait s'étonner de l'absence d'une telle incitation à l'achat chez les deux-roues, principalement, les scooters et les vélos mus par l'électricité. Christian Estrosi, sémillant ministre de l'Industrie, maire de Nice, "motodidacte", et ancien pilote au palmarès… extensible (non, je n'ai rien contre lui), a annoncé aujourd'hui l'entrée en vigueur d'une prime à l'achat pour ces véhicules, prime qui avoisinerait les 400 €. Reste à déterminer les modalités de celle-ci: le montant de l'enveloppe consacrée, son calendrier, et la distinction vélo et scooter électriques (ah bon !?).
Dans la capitale, une subvention de 25 % plafonnée à 400 euros est proposée depuis le début du mois aux acheteurs de vélo ou cyclo électriques, selon Le Figaro. Quand on pense prime deux-roues, on pense évidemment à un achat plus doux pour les très chers Vectrix. Mais cela rend aussi un engin plus modeste, tel le Velio (présompteusement appelé "racing") intéressant, lui qui coûte 1200 €; dans une toute autre catégorie, il est vrai.
Toujours selon le quotidien national, "Il s'agit également d'aider les industriels français à développer une offre compétitive sur ce segment", d'après Ch.Estrosi citant les constructeurs Peugeot et Matra.
Miguel Cotto s'est fendu d'une belle réalisation de "Harley en 2020" chez Yanko Design. Et pour une fois je ne blâmerais pas ce tic de designer qui consiste à nous refourguer des hubless wheels (roues sans moyeux) à toutes les sauces, puisque ce concept bike est bâti autour du légendaire 883cc. Merci de nous avoir évité l'électrique. Par contre, il n'est pas sûr que l'assiette guidon-selle apaise la lombalgie du proprio moyen des motos de Milwaukee. Mais plus que tout, cela participe de la volonté d'Harley de s'inscrire dans la durée. En témoigne, dans un autre genre, le Tshirt basique que porte pendant une bonne partie du film la star montante d'Hollywood, l'acteur australien Sam Worthington dans la dernière superproduction de James Cameron, le très prometteur Avatar. Product placement ?
Plus que cela. Au-delà de toute référence à un marketing classique, faisant fi des difficultés actuelles qu'elle espère passagères, de la population vieillissante des bikers, Harley Davidson se projette dans l'avenir et défend l'idée que la marque du Wisconsin est presque éternelle. De quoi apprécier, même virtuellement, le chemin parcouru depuis la Silent grey, premier modèle de la marque en 1903.
Cette période magique de l’année où dans notre hémisphère nord l’humidité glaciale s’installe, où le soleil se couche aussitôt levé pour cause de déprime hivernale, où la moto perd son statut ludique pour ne conserver que celui, plus terre à terre, de moyen de transport, où la beauté des femmes disparaît sous des couches de tissus, griffé ou pas, mais où les jeunes enfants (certains grands aussi) rêvent au Père Noel, les artistes aux remises de prix de fin d’année, où certains anticipent avec joie les vacances à la plage, loin, plus au sud, ou à la montagne, plus au nord, et alors que ne reste pour les plus démunis que la douce pensée d’un printemps hâtif, alors que l’hiver n’est même pas encore installé, il y a de l’espoir, du moins, il faut y croire.
Et ce sont ces calendriers que les marchands roulants les mécaniques nous proposent enfin. Il y a le Pirelli, la mère supérieure des calendriers qui réchauffent le cœur des mortels, et puis celui-ci, expressément pour les motards aux doigts engourdis par le froid (les poignés chauffantes sont un luxe que seuls ceux qui peuvent se payer une voiture ont, et qu’ils n’utilisent pas, parce qu’en voiture), de Zero Engineering. Zero Engineering fut fondé au Japon au début des années 90 par Shinya Kimura (ce dernier travaille maintenant en Californie sous le nom de Chabot Engineering). Rapidement, le style épuré et raffiné de leurs machines de leurs machines aux allures rétro et à propulsion Harley Davidson fit école, tellement que l’on parle maintenant d’un style Zéro. Pas en reste, leur calendrier 2010 risque bien de faire école également. Là où la plupart des autres pêchent par excès de vulgarité ou de coquetterie, on ne nommera personne, mais ces pauvres filles mimant l’orgasme, alanguies sur un chopper aussi inconfortable à rouler qu’à se coucher dessus se reconnaîtront, et BMW (d’accord, j’en nomme un) avec ses mannequins de catalogues aussi à l’aise autour d’une moto qu’un singe dans une fusée (parlez-en à Albert), ces gens se payent l’audace d’être authentique.
Zero Engineering et le photographe Ben Schkade nous proposent donc ce qui pourrait être le prototype parfait du calendrier moto. Attention, inspiration et imitation sont deux choses, ici, tout fonctionne parce que le caractère des motos est projeté dans l’imagerie mise en scène. Le choix des modèles d’abord, on se les représente très bien roulant sur une de ces motos, objets certes, mais ni potiches, ni chairs offertes. La lumière est soignée, suggérant la moiteur des interminables nuits du sud, où la seule possibilité de fraîcheur est de rouler sur une moto de Zero Engineering, même le design du calendrier est en adéquation avec son sujet. Sans aucun doute un objet de collection.
Pour rebondir sur le sujet de Jacques qui traitait des vélos électriques voici un choix succinct d'ouvrages très récents (octobre et septembre de cette année) sur l'histoire de la moto. Pourquoi "rebondir", car la naissance de la motocyclette consistait en l'adjonction de moteur à explosion sur des bicyclettes banales, comme le rappelle d'ailleurs opportunément "100 ans de moto" de Francis Dréer, sur son quatrième de couverture. Sans aucun doute le plus exhaustif de notre choix, il couvre sur 400 pages l'évolution des bécanes et se présente sous la forme d'un coffret en deux volumes: "L'âge d'or" de 1900 à 1945, précédant chronologiquement "Les temps modernes", depuis la fin de la guerre jusqu'à nos jours.
Le second livre intitulé "Un siècle de motos", est publié au Sélection du Reader's Digest par Gilbert Lecat, et revendique quant à lui une présentation originale, thématique puis chronologique.
Certes, mais 175 pages pour un tel sujet, ça me semble un peu chiche. Et puisque cela n'engage que moi, je me permets de préférer le premier au second, quitte à compléter plus tard. D'autant qu'ils sont quasiment au même prix, autour de 28 € chez Amazon et à la Fnac, ou l'inverse, y'aura pas de jaloux.