A une saison où les routes sont piègeuses, si ce n’est, même, impraticables, à une période où, au travers la petite lucarne, on reste pantois devant des motards escaladant des dunes de sable avec les pires difficultés, on finit par se demander pourquoi la moto n’a pas encore pris le pli de l’automobile en matière de motricité, soit utiliser toutes ses roues pour avancer.
L’idée existe néanmoins bel et bien, et elle a même une histoire. Voici un état éxhaustif au travers les âges, à commencer par une moto française, la Savage…
Ironie du sort, le projet français d’une deux roues motrices est le fruit de la réflexion de deux jumeaux. Franck et Patrick SAVARD s’engouffrent dans la brêche ouverte par l’aventure elfique dont, d’ailleurs, Patrick, est un des acteurs. Finie la dictature de la fourche téléscopique, voici les suspensions à bras superposés. Rendre la roue motrice avant devient possible. Et cette transmission se fera par trois chaines mariées à un complexe système de suspension à parallélogramme déformable. Le financement est trouvé et notre paire de la Côte d’Armor se lance dans la fabrication.
En 1987, la première SAVAGE voit le jour, motorisée par un coeur de KAWA qui fera place à HUSQVARNA en 1988 pour finir avec un HONDA de 500 CR au début des années 1990.
La SAVAGE aura comme terrain de jeu le tout-terrain, Raid ou Super-Motard. Elle disparaîtra finalement mais le concept d’un engin réellement tous terrains, c’est à dire capables d’attaquer les dunes ou la ville en compagnie d’un parfait novice est ensemencée. La SAVAGE aura aussi mis le doigt sur une nécessité: pouvoir découpler l’arrière et l’avant à la demande…
Cette idée est explorée dans la même période par l’anglais Dave Watts qui adapte une transmission de ce genre sur sa Maico de cross, en gardant, qui plus est, la fourche téléscopique. Ce précurseur a fait en sorte que la roue avant ne soit entraînée que lorsque la roue arrière patine déjà. Voilà la recette que s’approprie YAMAHA.
YAMAHA et Öhlins, domestiquent la fée hydraulique et présentent, en 1998, la WR 450 F 2Track. Le système est peu encombrant, une pompe hydraulique située au-dessus de la boite de vitesses. La pression hydraulique transmise au moteur de roue avant est fonction du coefficient de patinage de la roue arrière. La WR 450 devient la première moto deux roues motrices produites mondialement en série.
Le système YAMAHA peut d’adapter à n’importe quelle autre machine, sans gros changments au niveau du moteur et du châssis. La marque aux diapasons est donc à l’affût d’un frémissement du marché vers ce type de demande. L’avenir lui est ouvert. Que d’évolution depuis le ROKON américain…
SOURCES: www.motoservices.com et www.appeldephare.com