S’il fallait en ce début d’année, trouver une illustration simple de la politique économique mercantiliste allemande que dénonce dans le Financial Times notre excellente Ministre des Finances, c’est sans nul doute dans l’industrie et le commerce des voitures en Europe qu’il faudrait aller le chercher. En Janvier et Février de cette année les premiers acheteurs de voitures en Europe sont les Italiens qui avec 408 mille véhicules immatriculés, devancent les Allemands qui n’ont immatriculé que 376 mille véhicules. Par rapport à la même période de 2009, les achats italiens progressent de 25%, les achats allemands régressent de 20% (FIG.). Voila toute la rigueur allemande en pleine crise qui a volontairement stoppé de façon abrupte la prime à la casse en 2009 et qui demande à ses industriels (VW, Opel, BMW, Daimler, etc.) de se débrouiller pour vendre leurs véhicules sur le marché extérieur dont celui de la Zone euro.
Pour comprendre le non-sens économique du mercantilisme allemand au sein de la Zone euro que dénonce régulièrement l’économiste Jean-Pierre Petit (LIRE par exemple « L’avenir incertain du modèle allemand »), il faut s’imprégner du pessimisme de Bernard Connolly qui explique comment la création de la Zone Euro avec un euro volontairement sous-évalué au départ, a permis à l’Allemagne de renforcer son leadership économique aux dépens des plus faibles de la Zone. Pour Connelly un certain nombre d’hypothèses seraient envisageables pour résoudre le contresens économique de la Zone euro comme la sortie de l’Allemagne, suivie d’une puissante dévaluation de la monnaie commune, ou celle des pays les plus fragiles qui pourraient ainsi dévaluer leurs monnaies respectives. Mais à aucun moment il n’imagine l’Allemagne aidant les pays les plus faibles à s’en sortir en leur évitant une formidable période de récession et de déflation. C’était pourtant un simple conseil du Ministre Lagarde que de demander à l’Allemagne de revoir sa politique restrictive de consommation interne qui pourrait rendre moins amère la pilule à avaler pour les citoyens des pays les plus fragiles de la Zone.
Mais ce qui apparaît dès à présent, c’est que les clients fidèles des industriels allemands étant justement les membres de ces Etats cigales, l’industrie allemande va souffrir de plus en plus de cette absence de clientèle solvable. Destatis (LIRE) annonce que les entreprises industrielles allemandes de plus de 50 salariés ont supprimé 250 mille emplois en 2009 (-4,9%, le mythe de l’industriel allemand conservant à tout prix ses ouvriers est une blague), la reprise traîne en longueur et le commerce extérieur germanique est languissant avec une chute des exportations de 18% en 2009. Lors des crises de confiance à venir, vis à vis des plus faibles, il faudra bien d’une façon ou d’une autre que l’Allemagne s’implique afin d’éviter tout effet de château de cartes et de voir la moitié de sa clientèle de la Zone euro sombrer dans la faillite. Cette zone monétaire absorbe encore 43% des exportations allemandes, une paille.
LIRE un excellent résumé des idées de Bernard Connolly sur le blog de l’Institut Turgot
Le 16 Mars 2010


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