Les papiers attachés aux cours du pétrole sont devenus des instruments financiers qui se sont totalement détachés des vicissitudes de l’offre et de la demande physique du produit ainsi que de ses niveaux de stocks. Par exemple depuis un an les cours du brut à New-York ont plus que doublé dans un marché à la demande dépressive et à l’offre abondante. Les lecteurs du Blog Energie savent bien que depuis des mois (FIG.), accompagnant la hausse des cours, les membres de l’OPEP se sont assis sur leurs quotas définis en Décembre 2008 et produisent gaillardement 2 millions de barils de plus par jour. A ces données, il faut ajouter les productions non plafonnées de l’Iraq qui seront appelées à croître dans les années à venir avec l’arrivée des pétroliers internationaux auxquels les autorités locales ont confié la mise en valeur d’immenses champs pétroliers. En bref, le marché n’est pas près de manquer de pétrole, le premium pour charger du pétrole en 2015 a fortement baissé, affirme Bloomberg.
Le phénomène est amplifié par la confirmation de la poursuite probable de cette poussée de l’extraction par les données chiffrées de Baker Hugues qui constate un accroissement du nombre de forages en ce début d’année dans les pays de l’OPEP. Au prix du baril, on peut comprendre l’empressement de ces membres à vouloir produire plus. Mais à quelques jours de la réunion de l’OPEP qui se tiendra le 17 Mars à Vienne, certaines voix de sages bédouins se sont élevées pour affirmer qu’à ce rythme de croissance des productions les cours risquaient de chuter lourdement.
Il n’en a pas fallu plus pour que subitement le pétrole perde 1,4$/baril et repasse en-dessous des 80 dollars. Bien sûr, la réunion à Vienne passée, les choses reviendront dans l’ordre et les cours du papier-pétrole pourront reprendre leur ascension pour retrouver les sommets attendus de 96,5 dollars (Goldman-Sachs) puis de 104 dollars en 2012 (Société Générale) et enfin de 150$ en 2014 (Merrill Lynch). La route est toute tracée par de fins stratèges, à moins que l’économie mondiale, minée par cette saignée programmée, ne retombe en crise d’ici là.
LIRE l’intéressant papier de Bloomberg sur le sujet qui, pour une fois, met en évidence les contradictions de ce marché complètement loufoque et totalement manipulé.
Le 15 Mars 2010


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