André avait déjà évoqué le sujet dans ce billet, et l’article en question est désormais en ligne ici. En voici un petit résumé pour ceux qui sont allergiques à la langue de Shakespeare et/ou au formalisme des publications scientifiques.
Y sont comparées les émissions polluantes d’une flotte de 17 automobiles à essence d’une part, et de 8 deux-roues d’autre part, supposés représentatifs du parc suisse en 2002. Tous les véhicules sont « dans leur jus », c’est-à-dire gentiment prêtés par leur propriétaire pour les besoins de l’étude, et ne sortent donc pas du camion. Ainsi la flotte de deux-roues se compose de quatre scooters (un 50, deux 125, et un 250) datant de 1995 à 1998, et de quatre motos (de 600 à 1150 cm3) datant de 1993 à 1999.
La méthode de mesure retenue se base sur trois cycles distincts : cycle urbain, cycle rural et cycle autoroutier (sauf pour le 50 cm3).
Les conclusions sont apparemment sévères pour les deux-roues. Ainsi, leurs émissions de monoxyde de carbone (CO) sont, selon le cycle considéré, de 8 à 39 fois supérieures à celles des automobiles. La production d’oxydes d’azote (NOx) est plus élevée d’un facteur variant de 1.7 à 7.8, et, cerise sur le gâteau de la pollution, la quantité d’hydrocarbures imbrûlés (HC) qui est rejetée est entre 23 et 222 (!) fois plus importante.
Les auteurs extrapolent ensuite ces résultats pour conclure sur la part des deux-roues dans la pollution totale du parc helvétique. Même en tenant compte du nombre restreint de deux-roues et du faible kilométrage parcouru par les motards, leur rôle ne peut alors être négligé, principalement en ce qui concerne le CO et les HC.
Mais j’ai (volontairement) laissé de côté jusqu’à maintenant un aspect essentiel quand on parle de pollution : le dioxyde de carbone, ou CO2. Les polluants évoqués plus haut sont évidemment à combattre, parce que nocifs. Le CO2, lui, est un peu à part dans le sens où il n’est pas directement dangereux pour la santé. Mais c’est un gaz à effet de serre, et à ce titre, un des principaux responsables du réchauffement climatique. Quand on parle de pollution, aujourd’hui, le principal ennemi c’est lui. Quand on râle contre l’administration Bush parce qu’elle refuse de ratifier le protocole de Kyoto, c’est toujours de lui qu’il s’agit. Or l’étude conclut qu’un deux-roues rejette en moyenne moitié moins de CO2 qu’une voiture. Même en tenant compte du taux d’occupation habituel de ces véhicules (environ 1,3 personne par voiture selon les sources), le bilan reste de ce point de vue favorable aux deux-roues.
Enfin, les limites de l’article viennent de la sélection de véhicules qui est faite. Les motos ont considérablement progressé ces dernières années (ce sera l’objet d’un autre article) en termes d’émissions polluantes, et seuls 2 des 8 deux-roues sélectionnés (une VFR 800 FI de 1998 et une BMW 1150 GS de 1999) sont représentatifs des solutions adoptées aujourd’hui par la majorité des constructeurs (entre autres l’injection électronique et le catalyseur trois voies).
Bref, n’ayez quand même pas trop mauvaise conscience : les constructeurs moto doivent encore progresser, mais vous ne contribuez pas davantage à l’effet de serre avec votre deux-roues que l‘homo automobilis moyen.
A lire aussi : l’article Pollution de l’air sur Wikipedia, ainsi que l’excellent site Manicore.
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