J’inaugure ce soir une série d’articles fondés sur une expérience de quelque 35 années de moto pratiquée sur trois continents. Mais je dois tout d’abord me présenter.
Né en Tunisie, j’ai été élevé par mon grand-père et mon oncle qui furent les pionniers de la traversée du Sahara en side-car tendis que ma grand-mère fut la première passagère de Mermoz sur la ligne de l’Aéropostale Toulouse-Casablanca. J’ai donc de qui tenir…et on ne pu me tenir !
D’une jeunesse mouvementée, je retiens par exemple en 1974 la concentration des Pyrénées Andorranes des » Oursons « , sous une tempête de neige au guidon d’un 50 Honda si léger que je fus le premier à passer le col d’Envalira. Tous en vrac les grands costauds !
L’expérience me fit découvrir le subtil plaisir de » faire la trace » .
Cette jeunesse s’acheva au Cambodge avec l’arrivée des Khmers Rouges.
J’ai passé mon permis là-bas sur le 500CB prêté par un copain et sous un déluge de roquettes.
Autant dire que l’épreuve de conduite consista simplement …à effectuer un demi-tour !
De retour en France, avec déjà pas mal de bornes dans les fesses, sur les pistes aussi improbables que les 125 Honda du Cambodge, le démon du tout-terrain me dévorait autant que celui de la liberté et du voyage. Et quel outil plus magnifique que la moto verte pour assouvir cette passion ? Y’à pas !
Nous voici déjà à l’époque des mythiques 500 XT, des premiers Paris-Dakar, les vrais, ceux de Thierry Sabine. Un rêve que je n’ai jamais pu réaliser car il fallait bien gagner sa vie de reporter photographe de guerre : La Rhodésie – devenue le Zimbabwe – en Afrique Australe, la guerre civile au Liban, la chute du Shah d’Iran avec un Paris Téhéran et retour plus qu’épique, un voyage en Russie soviétique qui me valut deux mois de prison dans les geôles du KGB etc. etc.
Passons sur ce passé d’ancien combattu, nous y reviendrons peut-être plus tard.
De la 500 XT, je passais à la première Ténéré vendue à Toulouse. Quel succès ! pas pour moi, pour la moto !
Fatigué mais fou de nature, je découvris au début des années 80 un paradis sauvage niché au fin-fond des Pyrénées Ariégeoise. Un hameau abandonné, en ruine ; une heure de marche à pied, à la machette. A peine le sentier fut-il débroussaillé que je faisais l’acquisition d’une moto de trial made in France: une 250 JCM. Grâce à elle j’ai pu acheminer le ciment, les outils, enfin tout le nécessaire pour rénover une grange qui devint 10 ans durant mon nid d’aigle. La JCM fit des petits, plutôt grands : un 510 HVA pour moi et une 400 HVA pour ma copine. Ca devenait sérieux ! mais la JCM ne supporta pas ces naissances douloureuses et rendit l’âme, aussitôt remplacée par une 250 TY : une pure merveille de lourdeur et de robustesse !
Le moto-club du coin, dans le bourg de Massat organisait chaque année une petite concentre pour les jeunes du coin : glou-glou toute la nuit puis grosse bourre sur les routes de montagne et fin du voyage à l’hosto de Saint Girons (pas moi, les plus jeunes) J’ai engueulé le président club et lui ai proposé de remplacer cette boucherie par une rando TT. La randonnée des Orpailleurs venait de naître et a fêté ce printemps sa vingtième édition.
Au début les » néos » qui élèvent des chèvres et font un excellent fromage voyaient la moto d’un très mauvais œuil; 10 ans plus tard tous mes voisins hippies roulaient à trial !
Avec un pote de l’ONF, trialiste lui-même nous avons démontré, photos à l’appuis que le passage pas trop fréquent de motos n’avait aucun impact sur la faune, notamment les grands tétras (coqs de bruyère) tendis que les randonneurs à pied dérangent considérablement les animaux sauvages pour lesquels l’homme à le pire des prédateurs. Ce n’est pas le cas de la moto qu’il n’associent pas à l’humain. Je ne dis pas que cela ne les dérange pas mais une poule au nid ne fuira pas au passage relativement rapide d’une moto tendis qu’elle abandonnera définitivement sa nichée si un piéton approche son nid de trop près. J’en ai la preuve. Pigé les écolos de bureau ? C’est un sujet de débat que je vous propose d’aborder ultérieurement.
Noël 1989, après la chute du mur de Berlin, vint celle de Ceaucescu, le tyran roumain :
Un appel du président local de la Croix-Rouge » nous avons besoin d’un photographe pour couvrir le premier convoi humanitaire que nous acheminons sur place, êtes-vous libre ? «
Bien sûr que que je l’étais ! …et ma vie de motard bascula …
On continue demain avec beaucoup plus sérieux et contemporain. En selle pour l’aventure !
Photo: mon deuxième 510 HVA, acheté à Laurent Pidoux lui-même et entretenue par l’orfèvre maître Ginesta de Blagnac. Selon tous deux ce serait le 510 qui aurait parcouru le plus de bornes (environ 50.000 !) et sans pépins majeurs si l’on excepte un embiellage complet.
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