A l’entrée de l’usine IMGB, un garde armé d’une kalachnikov fouille la voiture et échange mon passeport et une cigarette contre un badge en carton. Traian Mahailescu, l’ingénieur-entraîneur sera notre guide. Au fond d’un hangar, caché par des machines-outils vieillottes se cache le local du club. C’est un étonnant capharnaüm de pièces de récupération en tous genre de bons outils allemands fournis par la fabrique et même un poste à argon, sans argon.
Au fond, on accède par une échelle en ferraille bricolée par leurs soins au » bureau d’étude technique « . Ces gens sont incroyables, ils allient le sens de la débrouille à l’africaine aux connaissances techniques des meilleurs ingénieurs européens. Par exemple, a cause de la pénurie chronique de bougies, ils ont mis au point une technique pour les rénover en extrayant l’électrode centrale, pour la nettoyer, refaire une calotte neuve et c’est reparti pour une course ! Ici, on ne sait pas ce que jeter veut dire. On me montre enfin un moteur prototype 50 2-T liquide, tournant à 16 000 tr/mn pour une puissance évaluée à 17 chevaux. Traian me fait cadeau d’un cylindre dérivé de ce moteur, à peine sorti du moule et sur lequel ils ont écrit » qu’il est bon de respirer l’air sain de la Liberté. » Plus tard, on me fit monter dans un vieux camping-car Mercedes rouge qu’ils viennent tout juste de recevoir d’un ancien pilote réfugié en Allemagne. C’est sa première sortie et je ferais le déplacement assis sur la selle d’une 250 CZ.
Après quelques minutes de trajet, nous voici sur » le boulevard des fous » immense avenue conduisant au » palais du peuple « l’imposant palais que Ceaucescu se faisait bâtir quand il fut renversé, puis nous contournons une grande halle maraîchère désespérément vide, surnommée » le cirque de la faim » et nous voici Place de la Révolution, d’où le dictateur s’était enfui en menaçant un pilote d’hélicoptère. La moto est débarquée sous l’œil médusé des soldat en faction qui reconnaissent leurs champions. Séance photo; un blindé se déplace pour figurer sur l’image. La Roumanie délire de bonheur et nous nous séparons sur une promesse que je leur fis : leur prouver que « solidarité » n’est pas un vain mot pour les motards français …
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