Luigi Colani… ce nom vous dit quelque chose ? Le designer allemand d’origine italienne et polonaise a pourtant traversé son époque et notamment modelé certains de ses objets. Et surtout, le jovial octogénaire qu’il deviendra en août prochain, ne s’est pas contenté uniquement de ses talents en conception et dessin, comme ses confrères, puisqu’il a aussi étudié l’aérodynamique à la Sorbonne pendant trois ans.
En témoigne cette moto profilée, au style anthropomorphe (un corps replié en chien-de-fusil) ou d’insecte. Le noir-et-blanc lui donne la beauté d’une goutte de mercure, et la simplicité d’une épure. Superbe. Une date dans le design organique. Le magazine en ligne 01men.com propose dans son édition de Janvier de redécouvrir quelques unes de ses créations (et le mot n’est pas galvaudé).
Alors que la première photo est issue d’une étude de moto que le jeune Colani avait réalisé en 1973, sans qu’en découla un prototype viable, le second bolide sur deux-roues – baptisé fort à-propos « Utah » – a été inauguré en 1989 à Berne, avec l’ambition de battre le record de vitesse à Bonneville.
Un esprit prodige et prodigue donc, que dissimule mal une truculence dans le verbe, une moustache de pandore, un amour immodéré pour les cols-roulés et les cigares, qui lui donnent cet air si débonnaire. Il est peut-être, dans son domaine, la meilleure incarnation de l’expression anglo-saxonne « thinking out of the square ».
L’on trouve par exemple, dans ses réalisations, pêle-mêle: un véhicule à sustentation magnétique (dernière image), un aéroglisseur. Et parmi ce qui nous intéresse au premier chef (les moteurs à combustion interne): un prototype pour Mazda destiné au 24 heures du Mans (photo à la voiture bleue).
Ainsi que la Ferrari Colani Testa d’Oro, créée en 1989 et qui en 1991, établit le record du monde de vitesse pour un véhicule à pot catalytique avec 351 km/h, encore une fois sur l’immensité salée de Bonneville dans l’Utah.
Sa passion pour l’efficacité aérodynamique alliée au design, l’amène à proposer de nouvelles carrosseries et habitacles pour les camions, dont il reproche la trop grande traînée, arguant que ses concepts permettraient de consommer jusqu’à 40% de carburant en moins.
Ainsi qu’un véhicule hybride dont le cockpit, s’il est emprunté à un planeur, comme le fait remarquer Caroline Lebrun (auteur du court article), possède aussi une cocarde héritée des avions de chasse. A moins que ce ne soit un clin d’oeil facétieux aux Mods, dont je compte bien vous reparler d’ici peu.
On peut juste reprocher à la journaliste de ne pas rappeler que Luigi Colani fut (et reste à jamais) l’un des plus grands promoteurs du bio-design, et surtout son initiateur. Les absences remarquées de l’appareil photo Canon T90, de la BMW M2 et du récent Anyfix (un chargeur de téléphone portable presque universel), dessinés par ses soins, sont également dommageables.
Je vous invite quand même à regarder l’article dédié qui montre que Colani ne délaisse pas les objets de la vie courante (pianos, téléviseur, théière), ni… les avions gros-porteurs, les jumbo-jets, dont le précurseur de l’A380. Un projet commandé à l’époque par le consortium Airbus lui-même.
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