Il y va de la moto comme de la nourriture, certains par exemple aiment les fruits de mer, d’autres sont, en revanche, incapables de les sentir. Pour les deux roues, les adeptes purs et durs des Literbikes ne voudraient pas être vus vivants sur un Cruiser bien gras, et pareil pour les partisans de ces mêmes Cruisers, regardant les petites bombes japonaises comme des instruments de torture, sur lesquelles ils seraient sans doute incapables de prendre place.
Je caricature, bien évidemment, mais s’il existe une machine capable de rallier bon nombre d’opposants, la Yamaha MT-01 est bien celle-là.
Intimidante avec son V-Twin de 1670 cm3 issu des cruisers de la marque, la MT-01 est en fait un bon gros matou qui ronronne, certes avec autorité, mais qui, avec son cadre en alu, sa fourche et ses freins de Supersports, sait être agile lorsque la situation le demande. Cette Yamaha demande le respect, et si on le lui donne, elle s’avérera une moto des plus satisfaisantes qui soient.
L’Intimité est révélatrice, et c’est pourquoi il ne faut pas hésiter à prendre place au guidon de la MT-01, plutôt que de lui tourner autour. Le point de vue est non seulement différent, il est apaisant. D’abord, le siège est confortable, dit pour une fois sans ironie, le guidon large offre une excellente prise en main, et une fois les pieds sur les cales, on se retrouve légèrement penché vers l’avant (rien pour donner des maux de dos aux sédentaires), ce qui est juste ce qu’il faut pour affronter l’impact du vent, qui ne manquera pas de se manifester dès que l’on aura tordu la poignée des gaz.
Sous les 4000 tours pas de salut, la MT-01 n’est pas ce cette classe, en fait, elle à tout simplement de la classe, et ce à tous les régimes. Sa zone de confort à beau se situer autour des 3000, 4000, tours minute, elle ne proteste pas si elle se retrouve ailleurs, même en première. Son petit trot est une balade tranquille avec pour seul tremblement la vibration du V-Twin qui se veut rassurante. Et il suffit d’une impulsion pour prendre son envol sans la moindre hésitation.
Avec 75kg de plus que la R1, pour faire vibrer la balance à 243kg à sec, on pourrait la croire balourde, mais elle enfile les courbes avec une aisance surprenante grâce à son cadre rigide et à la géométrie de sa fourche.
Visuellement, elle ne se gène pas pour faire étalage de sa musculation, mais certaines solutions pourraient être plus heureuses, comme ces couvercles de boîtes de sardines de chaque côté du réservoir, le feu arrière et les tubes recouvrant l’échappement aux allures de suppositoires. Mieux vaut rouler que la regarder, mais pour ça, elle est sans fausses notes.
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