…Alors la chance et la victoire seront à tout jamais tes esclaves soumis.

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Vous connaissez peut-être « If » ce poème de Rudyard Kipling (traduction d’André Maurois), dont notre titre est extrait, dans lequel un père donne à son fils les conseils qui lui permettront de devenir un Homme. D’après Dino Dimeo de Libé, Graziano a inoculé à Vale « cette espèce de folie qui ne l’a jamais quitté ». A défaut de conseils en vers. Folie comme ces chiffres d’abord, rappelons les, quitte à en avoir le vertige: c’est sa huitième victoire de la saison, la cinquième de rang, sa 70ème dans la catégorie reine des épreuves vitesse, la 96ème de sa carrière. Elle lui offre un huitième titre mondial, le sixième parmi la crème de la crème des pilotes. La concurrence est assommée: relégué à 92 points au général, Stoner est destitué de sa couronne, et finit deuxième, non sans avoir opposé une farouche résistance dimanche, malgré sa douleur au bras gênant son pilotage. Sa Desmo n’arborera plus le n°1 sur son carénage en 2009. Nous estimions avant l’épreuve que Vale ne se contenterait pas de gérer sa course, mais c’est sa régularité métronomique, non sa fougue, qui lui a permis de ravir la place de leader à Stoner à dix tours de l’arrivée. Un résumé accompagné par les belles images du site Rossifumi.

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Énoncé ainsi, ce dépassement au quatorzième tour est trompeur car Stoner n’était déjà plus capable de tenir le rythme de Rossi, Vale fondant sur lui, et ce, dès la mi-course. Alors qu’auparavant ces hommes de tête étaient à la lutte avec Dani Pedrosa commandant l’offensive depuis le deuxième tour, le Catalan confirma alors encore une fois que s’il pilote parfaitement quand il se détache d’une bonne longueur et a les coudées franches, il demeure toujours aussi peu à l’aise dans la meute. Le pilote du HRC sera déposé au sixième tours par Casey Stoner.

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Son compatriote et frère ennemi le poleman Jorge Lorenzo quant à lui gâchait son départ, pour se trouver relégué en quatrième place, avant que la rivalité entre les deux Espagnols ne connaisse un nouvel avatar, avec une manœuvre hardie et litigieuse où le Majorquin dans le dernier hairpin manqua d’accrocher le Barcelonais, pour finir malgré son attaque, derrière lui, et au pied du podium. Micro-Dani déclara au micro: « C’est bien de finir troisième, surtout par rapport aux dernières courses. J’ai pris un bon départ mais j’ai mis du temps à trouver mon rythme. Je voyais Lorenzo revenir mais j’ai pu tenir le coup et garder cette troisième place. Félicitations également à Valentino pour son titre. Il a fait une superbe saison. »

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Vale-Stoner-Pedrosa-Lorenzo: ces quatre hommes de tête ont réellement mené la danse au Twin Ring de Motegi, puisque Nicky Hayden, le leader du gruppetto comme l’on dit en cyclisme, franchira l’arrivée vingts seconde plus tard, devant un ensemble compact dont les pilotes se tiennent en 1,6 seconde. Derrière le champion 2006, Loris Capirossi sauve Suzuki du marasme, avec sa sixième place. Quant aux régionaux de l’étape (c’est consacré au cyclisme décidément aujourd’hui), seul Shinya Nakano sauve l’honneur nippon en plaçant sa Honda huitième. Alors que Kousouke Akiyoshi chute dès le deuxième virage, un peu comme le pilote espagnol du team officiel Kawasaki au Mans, abandonnant comme l’année dernière et gâchant ainsi cette seconde wild card.

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A l’autre extrémité de la course, son coéquipier d’un jour, l’ex futur grand espoir du MotoGP, le pourtant très sympathique Chris Vermeulen, abandonne en raison de problèmes de freins sur un circuit qui ne pardonne pas les mâchoires médiocres.

L’Australien confie son dépit: « C’est très frustrant de ne pas finir la course et quand c’est à cause de quelque chose dont vous n’avez pas le contrôle, c’est d’autant plus frustrant. Les pneus ne sont pas montés assez vite en température. Dès que c’était bon, j’ai suivi un groupe de pilotes mais après trois ou quatre tours, j’ai commencé à avoir un problème de freins. J’ai dû m’arrêter, sortir de la piste puis repartir. Je suis très déçu car il y avait largement la place pour rentrer dans le top 10. »

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Andrea Dovizioso quant à lui confirme son statut de recrue la plus régulière de toute la saison, à des années lumières de son rival en 250cc, aussi brillant qu’inconstant, Jorge. L’Italien explique avec lucidité le déroulement de sa course: « J’ai essayé de suivre les leaders mais j’ai fini seulement neuvième. Je pense que mon rythme aurait pu me permettre de finir cinquième. Tout s’est décidé dans les premiers tours: c’était la foire d’empoigne ! Personne ne voulait céder. J’ai pris un maximum de risques pour bien me placer en début de course. J’ai failli heurter Nakano. Ensuite j’ai perdu beaucoup de temps pour passer Toseland et Hopkins. J’étais vidé mais j’ai continué à attaquer. Si j’avais pu suivre Hayden quand il s’est échappé, cela aurait été différent. C’est la course, c’est comme ça. »

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Le San Marinais Alex de Angelis sur sa Honda Gresini, confirme son statut de pilote d’essais, au sens strict (doués en qualifs, catastrophique en course), en fermant la marche à une piteuse 17ème place. « Piteuse » moins par son rang que par son temps surtout, à une minute, douze centième et des poussières du vainqueur. Normal quand on encaisse trois chutes en une seule journée.

Et remercie quand même son team « Nous n’avons jamais réussi à trouver les bons réglages malgré tout le travail de l’équipe. Je tiens à la remercier car je suis tombé trois fois ce week-end et elle n’a pas compté le temps pour remettre la machine en état. Je me suis retrouvé assez loin après une erreur. C’est une journée à oublier mais il faut rester positif. J’espère être performant à Phillip Island, un circuit que j’aime particulièrement. »

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Le pilotes français Randy de Puniet est douzième devançant Sylvain Guintoli. Pour ajouter aux malheurs de Melandri, il ne manquait plus  que la Ducat officielle soit battue par celle de Pramac. Herureusement pour lui, il n’en sera rien. Pour en revenir au pilote du LCR, Randy confie « Honnêtement, j’espérais une meilleure course. J’ai pris un bon départ mais Dovizioso est parti trop large dans le premier virage. J’ai essayé de passer à l’intérieur mais je me suis retrouvé enfermé par d’autres pilotes. Ensuite, je n’avais pas assez de vitesse dans la courbe pour garder une bonne place. A la fin du premier tour, j’étais donc 14e. J’ai ensuite connu des problèmes d’adhérence avec le train arrière. Ça glissait beaucoup. J’ai tout de même réussi à revenir sur Hopkins et Toseland à quatre tours de l’arrivée mais je n’ai pas pu les attaquer. J’ai fait du mieux que j’ai pu avec un poignet encore douloureux. »

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Anthony West est le dernier à entrer dans les points, le pilote Kawa déclare « Dés le début de la course j’ai eu un problème avec le levier de frein. La machine ne s’arrêtait pas. Je me suis battu avec pendant une grosse partie de la course. On ne sait pas encore d’où vient le problème, c’est donc assez frustrant. J’espère réagir à Phillip Island où je serai à domicile. » L’Australien précède Toni Elias, l’Ibère qui décidément depuis trois ans ne peut que se contenter de performances « feu d’artifice » avant de retomber dans les tréfonds de la feuille des temps.

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En plus de son titre acquis à trois victoire du baisser de rideau, Rossi aidé par Lorenzo, apporte à Yamaha le titre constructeur et à Fiat le titre, fantoche et inutile, de meilleure équipe. Nous terminerons par les mots du vainqueur qui comme on le voit ici, s’excuse en Italien et avec humour du retard dans la conquête de son huitième (ou sixième c’est selon) titre:

« C’est difficile de dire ce que je ressens. Je suis évidemment très heureux. La bagarre fut intense pour la victoire, ce qui me comble encore plus. J’ai passé quelques années difficiles. Cela me fait penser à ce que j’ai vécu lors de ma première saison avec Yamaha. »

Dans la salle de presse, la déclaration fut ponctuée de ses sourires de grand gamin insatiable, impossibles à retranscrire ici.

Via Autosport pour le classement final de l’épreuve et Eurosport pour les extraits d’interviews entre guillemets.

Pos  Rider             Bike            Time
1.  Valentino Rossi   Yamaha    (B)   43:09.599
2.  Casey Stoner      Ducati    (B)   +   1.943
3.  Dani Pedrosa      Honda     (B)   +   4.866
4.  Jorge Lorenzo     Yamaha    (M)   +   6.165
5.  Nicky Hayden      Honda     (M)   +  24.593
6.  Loris Capirossi   Suzuki    (B)   +  25.685
7.  Colin Edwards     Yamaha    (M)   +  25.918
8.  Shinya Nakano     Honda     (B)   +  26.003
9.  Andrea Dovizioso  Honda     (M)   +  26.219
10.  John Hopkins      Kawasaki  (B)   +  37.131
11.  James Toseland    Yamaha    (M)   +  37.574
12.  Randy de Puniet   Honda     (M)   +  38.020
13.  Marco Melandri    Ducati    (B)   +  39.768
14.  Sylvain Guintoli  Ducati    (B)   +  45.846
15.  Anthony West      Kawasaki  (B)   +  55.748
16.  Toni Elias        Ducati    (B)   +  59.320
17.  Alex de Angelis   Honda     (B)   +1:12.398

Retirements:

     Rider             Bike           Laps
     Chris Vermeulen   Suzuki    (B)  16
     Kousuke Akiyoshi  Suzuki    (B)  0

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Commentaires

3 réponses à “…Alors la chance et la victoire seront à tout jamais tes esclaves soumis.”

  1. Avatar de BusaRider
    BusaRider

    Félicitations au grand champion Valentino et à ses six titres, et oui depuis quand on compte les titres en GP2 des champions de formule 1?? Grand Rossi quand même

  2. Avatar de Girard Yves

    Bravo à Rossi et Stoner et chapeau à tous les autres; mais aussi compliments à Benoit Rieu pour la qualité de son écriture. Je viens de découvrir ses textes sur la toile et en suis enchanté.

  3. Avatar de Benoît du Blog
    Benoît du Blog

    Si ça continue on va croire que c’est nous qui écrivons ces commentaires, mais merci Yves.

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