Les nouveaux Monster sont, semble-t-il, des accessoires de mode, au même titre qu’un sac Louis Vuitton ou des chaussures Gucci. Comme tels, ils dépassent le simple rang de vulgaire motocyclette pour devenir des icônes, des objets de désirs, des outils de séductions.
La moto en elles même y est pour beaucoup, mais le prestige du nom et surnom, appuyé par un impeccable marketing fait le reste.
Mais la pub n’y peut rien sans l’aura autour de la marque. Le championnat du monde de Rossi et sa Yamaha ne changerons rien à la perception de la MT-03, et la qualité du produit n’y est pour rien, c’est juste que, n’est pas sexy qui veut, et David sera toujours plus séduisant que Goliath.
Et le nouveau Monster 696 est bien un David de la tête au pied, ou plutôt du phare aux échappements. La ligne est superbe, j’y reviendrai, mais c’est surtout le moteur qui fait une Ducati. Et les 80 chevaux de ce V-Twin pour les uns ou bicylindre en L pour les autres sont non seulement un ravissement pour l’oreille, remarquez les Termignonis sur notre machine d’essai, mais ils savent se faire tendre. Le plaisir, un des plaisirs, de ce Monster est de relâcher doucement le levier d’embrayage une fois la première enclenché, et de doucement se laisser couler sur la route, sans à-coups ni grincements, roulant au pas, certains de son effet, puis s’éloigner dans un ronronnement soutenu en accélérant alors avec autorité. Le moteur ne déçoit donc pas, la tenue de route non plus, si ce n’est de la dureté du mono-amortisseur arrière, et là c’est mon dos fragile qui se plaint seul dans son coin, de toute façon il est ajustable, l’amortisseur, pas mon dos, même si c’est mieux ferme, un Monster, c’est pas mou.
La ligne est superbe, beaucoup plus dynamique que celle de ses prédécesseurs et malheureusement, il y a là un gros problème. Sur les 400 km/h parcourus, une bonne moitié fut consacrée à trouver une position pas trop inconfortable. Et si la machine réussit sur les petites routes sinueuses à faire oublier la gêne créée par l’angle du siège, il se rappelle à notre mauvais souvenir très rapidement. Un bel exemple où la forme prime sur la fonction, au point qu’il est légitime de se demander si les pilotes essayeur chez Ducati ont des couilles, ce qu’ils ont assurément, mais certainement pas au même endroit que les nôtres.
Un siège dit de «touring» est disponible en option, ce qui permettra peut-être de limiter ce glissement progressif, mais néanmoins inéluctable vers la pointe du réservoir.
C’est un inconvénient de taille, le confort n’étant plus un luxe, mais bien un impératif. Autres petites tracasseries, comme le rétroviseur de gauche qui avait une tendance certaine à céder sous le vent, pivotant sur son axe, m’obligeant à garder avec moi une clé métrique, un interrupteur de clignotants capricieux et un bruit de caisse assez désagréable, celui du porte-plaque/garde-boue arrière, qui vibrait en un bruit de plastique bon marché. Rien de bien grave, mais en être propriétaire, cela m’ennuierait profondément. Je veux bien rouler et toutes les occasions sont bonnes, mais pas constamment en direction du concessionnaire pour des broutilles.
Difficile de trouver la perfection, et si, même les Italiens n’y parviennent pas, il ne nous reste plus qu’à choisir ses maux. Et à ce compte-là, cette Monster 696 à de bien beaux malaises.
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