Annoncée en 2006, mais prenant toute sa vigueur en cette saison 2009, la hausse des tarifs pour les frais d’immatriculation touchant tous les deux roues au Québec prend d’assaut le portefeuille des motards. Passant du double pour les petites cylindrées, du triple pour les 700 cm3 et moins, et pouvant jusqu’à quintupler pour les modèles dits «sport» de 700 cm3 et plus, ces nouvelles mesures administratives visant à discipliner les casse-cou du guidon, plus susceptibles d’être un fardeau pour la société des suites d’accidents, qu’ils sont semblent-ils plus nombreux à avoir, ces nouvelles mesures donc, auront réussies à sortir de sa torpeur printanière le motard québécois qui clame maintenant, à pas d’escargot, son indignation.
Il aura tout de même fallu une quatrième manifestation, consistant à emprunter en groupe les voies publiques et de les arpenter à la plus basse vitesse permise, pour que les médias nationaux s’intéressent à la chose motocycliste.
Le but de ces manifestations n’étant pas tant un changement espéré, mais peu probable de la législation, mais bien une prise de conscience par la société en général du sort réservé au motocyclisme au Québec.
Sur les routes du Québec, le motard semble une nuisance. La cohabitation n’est pas difficile, elle n’existe pas, et la vigilance pour le motard n’est pas qu’une figure de style, elle est essentielle à sa survie. Non seulement le motard est invisible pour les autres usagers de la route, sauf s’il est en groupe, mais là il devient suspect et inquiétant, mais son parcours est celui du combattant, devant rouler sur des infrastructures en décomposition, plus particulièrement en milieu urbain, où d’ailleurs sa présence ne semble pas souhaitée vu la quasi-impossibilité de dénicher un emplacement de stationnement dédié.
Alors qu’au moment ou, au mieux, on ignore, ou au pire, on stigmatise le motard, on plébiscite le vélo en ville, comme si c’était moins dangereux, parlez-en aux victimes du syndrome de la portière ouverte ou aux piétons happés par un cycliste sur le trottoir, ou encore, en offrant de généreux crédits d’impôt pour un quatre roues vert, jusqu’à 8000$ pour un tout électrique (mais rien du tout pour la moto ou scooter électrique par contre).
Il devient donc difficile de saisir la logique derrière la pensée et les actions des gestionnaires et autres fonctionnaires. Comme si la moto n’était qu’un instrument de désolation à bannir et non un moyen de transport peu polluant, économique souvent, et apportant plaisir et détente toujours, plutôt que frustration et rage, comme fréquemment chez les automobilistes.
Malheureusement, le terme motard au Québec amène tout de suite l’image des ignominieux Hell’s Angels, ou motards criminalisés comme le veut la nomenclature officielle. Il serait plus que temps que le folklore et les peurs enfantines face aux motocyclistes laissent place à un regard mature et adulte, et qu’une infime minorité ne serve plus comme reflet de la majorité.
Un Québécois en moto possède les mêmes qualités, et quelques-unes de plus, qu’un Québécois en voiture, mais parce que sa principale tare est sa vulnérabilité, on veut l’éliminer, alors qu’il faudrait le protéger! Belle mentalité!
Photos: Rogue shooters
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