Cette période magique de l’année où dans notre hémisphère nord l’humidité glaciale s’installe, où le soleil se couche aussitôt levé pour cause de déprime hivernale, où la moto perd son statut ludique pour ne conserver que celui, plus terre à terre, de moyen de transport, où la beauté des femmes disparaît sous des couches de tissus, griffé ou pas, mais où les jeunes enfants (certains grands aussi) rêvent au Père Noel, les artistes aux remises de prix de fin d’année, où certains anticipent avec joie les vacances à la plage, loin, plus au sud, ou à la montagne, plus au nord, et alors que ne reste pour les plus démunis que la douce pensée d’un printemps hâtif, alors que l’hiver n’est même pas encore installé, il y a de l’espoir, du moins, il faut y croire.
Et ce sont ces calendriers que les marchands roulants les mécaniques nous proposent enfin. Il y a le Pirelli, la mère supérieure des calendriers qui réchauffent le cœur des mortels, et puis celui-ci, expressément pour les motards aux doigts engourdis par le froid (les poignés chauffantes sont un luxe que seuls ceux qui peuvent se payer une voiture ont, et qu’ils n’utilisent pas, parce qu’en voiture), de Zero Engineering.
Zero Engineering fut fondé au Japon au début des années 90 par Shinya Kimura (ce dernier travaille maintenant en Californie sous le nom de Chabot Engineering).
Rapidement, le style épuré et raffiné de leurs machines de leurs machines aux allures rétro et à propulsion Harley Davidson fit école, tellement que l’on parle maintenant d’un style Zéro.
Pas en reste, leur calendrier 2010 risque bien de faire école également. Là où la plupart des autres pêchent par excès de vulgarité ou de coquetterie, on ne nommera personne, mais ces pauvres filles mimant l’orgasme, alanguies sur un chopper aussi inconfortable à rouler qu’à se coucher dessus se reconnaîtront, et BMW (d’accord, j’en nomme un) avec ses mannequins de catalogues aussi à l’aise autour d’une moto qu’un singe dans une fusée (parlez-en à Albert), ces gens se payent l’audace d’être authentique.
Zero Engineering et le photographe Ben Schkade nous proposent donc ce qui pourrait être le prototype parfait du calendrier moto. Attention, inspiration et imitation sont deux choses, ici, tout fonctionne parce que le caractère des motos est projeté dans l’imagerie mise en scène. Le choix des modèles d’abord, on se les représente très bien roulant sur une de ces motos, objets certes, mais ni potiches, ni chairs offertes. La lumière est soignée, suggérant la moiteur des interminables nuits du sud, où la seule possibilité de fraîcheur est de rouler sur une moto de Zero Engineering, même le design du calendrier est en adéquation avec son sujet.
Sans aucun doute un objet de collection.
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