Alors que sa veuve et son fils se sont rendus sur place, et que les quotidiens nationaux balancent entre pathos et voyeurisme, avec des photos* du corps du défunt mal dissimulé sous une bâche (!), ces mêmes journaux annoncent que sa dépouille sera rapatriée mardi d’Argentine, pour une arrivée le lendemain en France. Mais comme l’a fait remarquer une de nos lectrices dans le précédent article, la polémique née de l’inertie des secours n’est pas prête de s’éteindre. D’autant que la machine judiciaire est bien lancée, elle. La justice de la province de La Pampa, a ainsi diligenté une enquête visant à déterminer les causes du décès et les responsabilités afférentes. Selon la police argentine, le pilote Yamaha aurait pu être sauvé si seulement il avait été secouru à temps. Sans attendre, ASO** par la voix d’E.Lavigne, a admis un dysfonctionnement interne, seul à même d’expliquer que près de 56 heures se soient écoulées, entre le déclenchement de sa balise de détresse et la découverte du motard de 49 ans, mort d’un œdème pulmonaire. Recherché depuis le 4 janvier et la deuxième étape entre Santa Rosa et Puerto Madryn, P.Terry signala être en panne d’essence, mais se débrouilla avec un autre concurrent pour alimenter sa machine.
Constatant que le pilote n’était toujours pas reparti après ce fait de course, somme toute banal, il fut contacté par l’organisation du rallye sur son téléphone satellitaire, sans succès. Intervient alors un hiatus, sans doute tragique, dans la coordination des secours, qui permet de comprendre pourquoi il n’a été repéré que trois jours après.
A Paris, l’organisation du rallye alertée dimanche soir du déclenchement de la balise de détresse par le motard, n’avait contacté le PC sur place que le lendemain matin. S’en suivirent une patrouille de la défense argentine et une battue des forces de l’ordre.
Pour ajouter à cette cacophonie, l’imbroglio dans la chaîne de communication s’est doublé d’une information erronée, sa présence ayant été annoncée à tort*** au final de la quatrième étape, à Neuquen, lundi soir, interrompant ainsi toute recherche pendant plusieurs heures.
Certains sites généralistes s’étonnent aussi que les Argentins n’aient pas repéré Pascal Terry alors qu’ils devaient disposer de sa dernière position satellite connue. D’autres soufflent déjà sur les braises en incriminant la mort dans l’indifférence d’un « poireau », qui, par définition, n’a pas la chance de courir dans une écurie de pointe.
Selon cette théorie les moyens mis en œuvre n’ont pas été à la hauteur, car le Normand était un motard peu médiatisé. A ceci près que les hélicoptères d’ASO par exemple, déjà mobilisés sur la troisième étape, ne pouvaient participer aux recherches.
Il ne sera finalement retrouvé que mercredi à 2h10 du matin heure locale, à une quinzaine de mètres de son trail, parti se mettre à l’abri dans un endroit à la végétation touffue, et difficile d’accès, son casque retiré, avec de l’eau et de la nourriture à ses côtés. Le pilote serait décédé dans la nuit de lundi à mardi.
Il est la 51ème victime du Dakar – pilotes, organisateurs, et spectateurs confondus – depuis la première édition du rallye raid en 1979. Pensée aux siens. Qu’il repose en paix.
*la vue de ses bottes SDI n’a fait qu’ajouter à cette peine, il est impossible de ne pas éprouver une sorte de proximité ou de l’empathie.
**Amaury Sport Organisation, qui manage aussi le Tour de France (cycliste), le groupe Amaury publie également le journal L’Equipe.
***une confusion sur les pilotes a t’on tenté de justifier.
Crédit photos: Reuters.
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