Dans un monde de compétition mécanique mercantile à la philosophie essentiellement vénale, il faut, pour y survivre, soit avoir eu la chance de prouver son talent pour que l’on se le dispute dans le landernau, soit être blindé aux as, soutenu par un généreux mécène, pour se payer les droits d’entrée et évoluer dans cette jungle impitoyable en enfilant les saisons comme d’autres les perles.
De fait, à priori, lorsque l’on cumule les deux atouts, la vie ne peut qu’être un long fleuve tranquille qu’il suffit de longer sereinement en profitant des opportunités qui vous tendent les bras. Las ! Figurez vous que dans l’Histoire, un homme fera exception: Max BIAGGI.
Max BIAGGI, né le 26 juin 1971 à ROME, champion d’Italie 125 à l’âge de 18 ans, champion d’Europe 250 en 1991, 4 fois champion du monde de cette catégorie en 1994, 1995, 1996 et 1997, dauphin de DOOHAN en 1998 dés son passage dans la catégorie reine de l’époque, la 500, pilote des meilleurs marques d’APRILIA à HONDA en passant par YAMAHA, baptisé dans le milieu l’Empereur romain, Max BIAGGI donc est déclaré persona non grata pour le plateau 2006 par toutes les marques qui comptent pour le titre en MOTOGP. Et, tenez vous bien, il ne s’agît pas d’un noble en hayons qui se présente à leurs portes, mais bien une "gueule" soutenue par un cigarettier qui roule sa bosse dans le milieu et qui est prêt à délier, sans regarder, sa bourse parfaitement garnie. Mais personne n’en veut…

Une "gueule" disions nous, et même une sacrée grande "gueule", et c’est peut être d’ailleurs de ce côté là qu’il faut trouver pourquoi son chameau de sponsor se retrouve chèvre à le caser. Après avoir vilipendé YAMAHA sur son potentiel avant que ROSSI ne démontre exactement le contraire, il trouve refuge chez HONDA où il regrette amèrement de ne pas bénéficier directement du potentiel du HRC. Intégré à cette structure pour enfin disposer de la moto et de l’équipe de ses fantasmes, il ne fait que décevoir au travers de prestations erratiques sans pour autant se remettre en question. C’en est trop pour HONDA qui lui ferme toutes ses portes pour 2006. Même payée rubis sur l’ongle, HONDA se refuse à fournir une moto à l’acrimonieux romain. Une première !
D’aucuns diront qu’il l’a bien cherché et ils n’auront d’ailleurs pas tout à fait tort. Mais Max, ça reste malgré tout un style, et pas seulement dans les coulisses. Son pilotage est d’une pureté à couper le souffle. Et c’est pourquoi aussi, lorsque les réglages ne sont pas comme il le veut, il a du mal à se forcer et à s’adapter, à la différence des autres.
A un moment où les jeunes pousses débarquent du nom de PEDROSA, VERMEULEN, DE PUNIET, ou d’autres arrivent à maturité tel MELANDRI et peut être même ELIAS, la vielle garde se voit pousser vers la sortie. CHECA est un miraculé tandis que BARROS se voit forcer d’envisager le Superbike… Max, lui, espère encore en une SUZUKI ou une KAWASAKI privées dans une structure montée rien que pour lui. Ces deux marques approchées sont tièdes, c’est le moins que l’on puisse dire, au projet… L’Empereur est devenu un triste sire…